1er mai : les petites phrases des différents partis
Comme on pouvait s’en douter, ce 1er mai a été l’occasion de quelques piques lors des discours des différents partis. Florilège non exhaustif.
Presque plus que le muguet, les piques sont une tradition du 1er mai. Et celui-ci n’a pas dérogé à la règle.
PS : “Nous connaissons les ravages d’un gouvernement des droites”
Le PS a fait du relèvement des salaires sa priorité en vue du 9 juin et en fera un point incontournable dans la formation d’un gouvernement, a averti mercredi le président, Paul Magnette, à l’occasion de la fête du 1er mai. “Je prends cet engagement solennel: si nous entrons dans un gouvernement, nous augmenterons les salaires. Et si les autres ne veulent pas, ce sera sans les socialistes”, a-t-il déclaré devant les militants de son parti réunis à Charleroi.
Le PS a mis en avant une nouvelle augmentation du salaire minimum de 400 euros, après les mesures déjà prises sous cette législature, et une réforme fiscale qui offrira un gain net de 300 euros pour les bas et moyens salaires.
A travers leurs discours, les mandataires socialistes ont mis en avant les engagements qu’ils tenaient quand ils accédaient au pouvoir. “Quand les citoyens nous font confiance, nous assumons cette responsabilité et nous sommes les seuls à le faire”, a assuré M. Magnette. Les socialistes ont pris soin de se distinguer du concurrent à gauche, le PTB, et mis en garde contre un retour d’un gouvernement de droite que favoriserait l’axe MR-CD&V annoncé récemment. “Nous connaissons les ravages d’un gouvernement des droites. C’est contre cela que l’on doit se battre le 9 juin”, a lancé le secrétaire d’Etat, Thomas Dermine.
MR : « PS et Ecolo ne font que courir derrière Raoul”
Le président du MR Georges-Louis Bouchez a choisi Jemappes, au cœur de l’ancien bassin industriel du Hainaut, pour fêter le 1er mai des libéraux. Un choix assumé, le Montois ayant la volonté de s’adresser aux électeurs issus de ces régions “où le taux d’emploi dépasse à peine les 50%”.
Devant plus de 2.000 militants réunis à la Mons Arena, il a rappelé ses origines. “J’ai passé mon enfance à 500 mètres d’ci, à la rue Jules Destrée. J’avais toutes les qualités pour devenir socialiste… mais je les connais trop bien. J’ai pu voir ce que l’assistanat et le trop plein d’aides sociales pouvait amener : ça a détruit l’espérance, les territoires et ça a réduit considérablement les horizons et les perspectives de milliers de jeunes et d’enfants”, a-t-il lancé, saluant la présence d’ancienne personnalités étiquetées à gauche comme Youssef Handichi (ex-PTB) ou l’ancien syndicaliste des Forges de Clabecq Roberto D’Orazio.
Le président du MR s’en est vertement pris au PS et à Ecolo, ses partenaires dans les majorités sortantes, singulièrement à la suite de la modification du décret Paysage. “Avec Pierre-Yves Jeholet, Françoise Bertieaux et Valérie Glatigny (ministres en Fédération Wallonie-Bruxelles), nous avons redonné ses lettres de noblesse à l’école : nous avons refinancé les bourses, les aides à la réussite. Mais on l’a vu avec le décret Paysage, PS et Ecolo ne font que courir derrière Raoul (Hedebouw, président du PTB, ndlr).” Pourtant, “son projet de société n’est pas neuf. Il a été appliqué dans des dizaines de pays. Et le communisme n’a entraîné que pauvreté, mal-gouvernance et révolte sociale.”
Le MR entend aussi proposer l’abaissement de l’obligation scolaire à 3 ans et s’est distancié du pacte d’excellence, actuellement mise en œuvre dans l’enseignement francophone. “Non, Mme Désir (ministre de l’Enseignement obligatoire, PS), l’objectif n’est pas d’aller sans s’arrêter jusqu’en 3e secondaire. C’est profondément irresponsable”, s’est exclamé Georges-Louis Bouchez, appelant à “une réforme profonde de l’enseignement.” “Raoul, j’ai un conseil pour toi, il vaut aussi pour Paul (Magnette) et Jean-Marc (Nollet), prenez une cure de détaxe…”, a-t-il ironisé, rappelant le projet des libéraux de relever la quotité exemptée d’impôts. Le principe sera “pas un euro d’impôt” en dessous du montant de la première allocation sociale. Le MR entend aussi baisser à 15% l’impôt des sociétés pour les petites et les “petites moyennes entreprises” de 25 travailleurs maximum. “On va aller dans tous les endroits qui ne nous sont pas favorables”, a promis Georges-Louis Bouchez. “Ayez confiance, ayez la confiance d’un enfant de 4 ans qui porte un costume de Batman… Il n’a pas peur”, a-t-il lancé aux militants. “Notre projet, beaucoup de gens l’attendent. Il faut juste aller les voir.”
PTB : « nous sommes la locomotive sociale », au PS et à Ecolo à “ne pas se tromper de train”
“Face à la locomotive libérale, nous sommes la locomotive sociale”, a scandé le président du PTB, Raoul Hedebouw, lors d’un discours du 1er mai à Bruxelles. Il a appelé le PS et Ecolo à “ne pas se tromper de train” et à “sortir de leur renoncement”.
Le 9 juin, jour des élections fédérales, régionales et européennes, deux projets vont s’affronter, selon Raoul Hedebouw: celui de la continuité libérale des trente dernières années ou celui de la rupture sociale portée par le PTB. Pour le président du parti, le camp libéral est incarné par le MR -qui défend un modèle “taillé sur mesure pour les riches”- mais aussi par les autres partis, dont le PS et Ecolo, “contaminés” par les idées de droite. Par rupture sociale, le PTB entend un projet “défiant le pouvoir de l’argent et les privilèges des politiciens”. Le parti de gauche radicale veut appliquer une “taxe des millionnaires”, une TVA à 0% sur le caddie au supermarché ou encore la fin du blocage des salaires. Raoul Hedebouw a appelé les électeurs à renforcer son parti pour pousser le PS et Ecolo à “rejoindre le camp de la transformation sociale”.
Le PTB a le vent en poupe dans les sondages, mais une participation à un gouvernement reste peu probable. Pour autant, une voix pour le PTB n’est pas un “vote perdu”, a affirmé Raoul Hedebouw. La formation a eu un “vrai impact” au cours de la législature, que ce soit pour imposer une baisse de la TVA sur l’énergie, augmenter la pension minimale ou créer le “Fonds Blouses blanches”, a énuméré l’homme politique. “Le PTB tire le débat vers la gauche.” Le président du PTB, parti très populaire auprès des jeunes, a également rendu hommage aux étudiants du supérieur qui se sont engagés contre le décret Paysage et ont “rejeté la vision élitiste de l’enseignement supérieur”. Il a abordé la guerre à Gaza et salué la mobilisation d’étudiants aux Etats-Unis et en France qui exigent des actes de leurs universités en faveur des Palestiniens. Le 19 mai aura lieu une manifestation nationale visant à demander un cessez-le-feu à Gaza. Raoul Hedebouw a appelé les militants PTB à s’y rendre “en masse”.
Vooruit: “Je ne veux pas d’un Brexit en Belgique”
Les personnes qui ont débuté leur carrière professionnelle à 18 ans devraient pouvoir bénéficier d’une pension complète dès leurs 60 ans, a affirmé la présidente du parti socialiste flamand Vooruit, Melissa Depraetere, mercredi dans son discours du 1er mai. Cette proposition s’ajoute à une autre présentée mardi soir, en avant-goût de la Fête du travail. La présidente de Vooruit avait alors dit vouloir augmenter le salaire minimum à 15 euros de l’heure, soit environ 2.500 euros par mois. Ce mercredi, elle a appelé les militants présents à ne pas se croire battus d’avance sur ces principes. “Il y a cinq ans, nous avions promis au moins 1.500 euros de pension nette. Ils ont dit que ce n’était possible, que cela n’arriverait jamais. Et pourtant aujourd’hui, il y a plus de 1.600 euros nets sur les comptes des pensionnés”, selon Melissa Depraetere.
Avec M. Rousseau, c’est un autre chef de file de Vooruit qui a ainsi mis en garde la population flamande contre les conséquences d’une victoire électorale de l’extrême droite. “Je suis très inquiet lorsque j’entends le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, dire qu’il remet la scission de la Belgique sur la table”, a-t-il déclaré, s’exprimant dans sa ville natale de Saint-Nicolas. “L’extrême droite avait promis que le départ de l’Europe, serait bon pour les travailleurs, pour les soins de santé et pour l’économie. Mais après une décennie de palabres, elle a obtenu une régression pour les travailleurs, une régression pour les soins de santé et une économie qui se porte plus mal.” “Je ne veux pas d’un Brexit en Belgique”, a déclaré Rousseau. “Nous n’avons pas le temps de passer 10, 20, 30 ans à négocier la fin du pays.” Vooruit veut offrir des “solutions” aux travailleurs, a-t-il déclaré: “un salaire plus élevé, des investissements supplémentaires dans les soins de santé, une économie forte”.
Et du côté des syndicats:
La FGTB: “Si on attend encore la rupture pendant cinq ou dix ans, on crèvera tous de chaud et nos jeunes seront tous au bord de la route”
“Si on attend encore la rupture pendant cinq ou dix ans, on crèvera tous de chaud et nos jeunes seront tous au bord de la route. C’est aujourd’hui qu’il faut prendre ses responsabilités”, a asséné le président de la FGTB, Thierry Bodson, mercredi, lors de son discours du 1er Mai prononcé dans les locaux de la CGSP namuroise. Dans sa ligne de mire à quelques semaines des élections du 9 juin: le PTB, qu’il prend toutefois soin de ne pas nommer. “Pour que le front de gauche se fasse, je veux dire au parti qui veut la rupture qu’on ne peut plus attendre. On a dix ans pour relever le défi climatique et pour ne laisser personne au bord de la route dans un contexte d’économie en transition. On a besoin de moyens et de décisions politiques. Aujourd’hui”, a-t-il affirmé.
Au-delà de son appel à l’extrême gauche, le syndicat socialiste est revenu sur ses priorités, avec le pouvoir d’achat comme première d’entre elles. Le discours est rodé: pour la FGTB, le statut de cohabitant doit être supprimé, les allocations sociales doivent être revues à la hausse “jusqu’à 110% au-dessus du seuil de pauvreté” et des augmentations de salaires doivent pouvoir être négociées. “On est dans un pays dont l’économie se porte plutôt bien. On doit partager les fruits de cette croissance et donc pouvoir négocier les salaires. On n’acceptera pas une nouvelle fois qu’on ne revienne pas sur la loi de 1996 – qui fixe la marge salariale, ndlr – , ni qu’on touche à l’indexation automatique”, a affirmé Thierry Bodson. Pas question non plus, selon le président de la FGTB, de payer une troisième cure d’austérité. “Le carcan budgétaire européen, c’est un effort cumulé de 4 milliards par an, soit un effort global de 30 milliards. On ne peut pas l’accepter, d’autant qu’on a déjà payé dans les années 90 et en 2008. On ne payera pas une troisième fois parce que des banquiers déconnent”, a-t-il assuré sous les applaudissements des militants. Pour le syndicat socialiste, la solution passe plutôt par une réforme fiscale s’appuyant sur une taxe de 1% au-delà du premier million, hors maison d’habitation et capital dédié à l’activité économique. “Quand on a 3 millions en banque, il est normal de payer 20.000 euros par an pour contribuer au fonctionnement de la société”, a illustré Thierry Bodson.
Une tranche d’imposition à 52,5% serait également activée sur les salaires dépassant les 10.000 euros par mois; ceux au-delà de 20.000 euros étant taxés à 55%. “On arriverait à 17 milliards de recettes supplémentaires sans faire mal à personne”, a-t-il poursuivi. “On vit dans un pays où l’on a de plus en plus souvent des responsables politiques qui font semblant de ne pas comprendre le rôle des syndicats”, a encore estimé le président du syndicat socialiste alors que se profilent les élections sociales. “Je suis fier d’être président de la FGTB et je suis fier d’être régulièrement attaqué par le ‘guignol libéral’, dont l’objectif est la disparition des corps intermédiaires. Ca veut dire qu’on fait bien notre boulot”, a-t-il conclu.
- PS
- Paul Magnette
- PTB
- MR
- CD&V
- Etat
- Thomas Dermine
- Ecolo
- Georges-Louis Bouchez
- Youssef Handichi
- Forges de Clabecq
- Pierre-Yves Jeholet
- Françoise Bertieaux
- Valérie Glatigny
- Fédération Wallonie-Bruxelles
- Alexander De Croo
- Enseignement obligatoire
- Nollet
- Raoul Hedebouw
- Fonds Blouses blanches
- FGTB
- Thierry Bodson
- CGSP