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« Our currency, but your problem ! »

La scène financière internationale n’a finalement guère changé depuis l’époque où John Connally, fraîchement nommé secrétaire au Trésor par le président Richard Nixon, lança son fameux : « Le dollar est notre devise, mais votre problème » à l’attention de quelques Européens qui se plaignaient de la faiblesse du billet vert.

La scène financière internationale n’a finalement guère changé depuis l’époque où John Connally, fraîchement nommé secrétaire au Trésor par le président Richard Nixon, lança son fameux : « Le dollar est notre devise, mais votre problème » à l’attention de quelques Européens qui se plaignaient de la faiblesse du billet vert. C’était en 1971 et la devise américaine venait de perdre sa convertibilité en or. Fameuse clairvoyance de la part de cet ancien gouverneur du Texas, aussi vrai que le problème en question est récurrent depuis. La preuve : il était encore au centre des discussions menées le week-end dernier, lors de l’assemblée annuelle du Fonds monétaire international (FMI).

Guère changé… si ce n’est que, 40 ans plus tard, la question s’est élargie à l’échelle planétaire. L’Europe est certes marrie de la récente faiblesse du dollar, mais d’autres sont plus mal lotis. Après tout, la parité actuelle entre le dollar et l’euro est très proche de ce qu’elle était voici deux ans. Le rand sud-africain, le dollar australien et le réal brésilien se sont, eux, appréciés de plus de 30 % depuis le début 2009. Pas étonnant que ce soit le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega, qui ait lancé le débat quelques jours plus tôt en parlant d’une guerre monétaire.

Autre changement notable : l’arroseur américain s’est à son tour fait arroser par l’empire du Milieu. Aucun officiel chinois ne semble avoir repris à son compte la phrase de Connally pour l’adresser à Washington, mais tous auraient pu, si l’on en juge par la place qu’occupe le yuan dans les discours américains ! Maître de sa devise, Pékin n’autorise en effet au yuan qu’une appréciation très graduelle face au billet vert, de sorte que les Etats-Unis voient leur principal concurrent échapper à leur politique de devise faible.

Une politique délibérée, vraiment ? Washington s’en défend, aujourd’hui comme hier, mais sans convaincre. La récente glissade du dollar a largement pour origine l’annonce par la banque centrale américaine de nouvelles mesures « quantitatives ». La Fed va poursuivre ses achats d’obligations sur le marché, de manière à comprimer les taux d’intérêt et, ainsi, soutenir la conjoncture. Cette simple annonce a déjà fait baisser les taux (les obligations à deux ans de l’Etat américain rapportent aujourd’hui moitié moins que leurs homologues allemandes), de sorte que les investisseurs se détournent massivement d’une devise décidément peu rémunératrice. Ou comment de louables intentions provoquent des conséquences vraiment malencontreuses… Sorry, gentlemen !

Les choses se compliquent quand le monde peine à sortir d’une grave récession, comme aujourd’hui, et que les dindons de la farce estiment impérieux de réagir. Le Japon s’est décidé à affaiblir le yen le mois dernier, mais il ne fut pas le seul à peser sur sa devise : le Brésil, la Corée et la Suisse sont également intervenus sur les marchés. Et voilà que l’Ukraine et surtout l’Inde avouent leur irritation et annoncent de possibles mesures. On comprend mieux l’expression « guerre monétaire ». Où cela peut-il nous mener ? Où cela peut-il s’arrêter ?

Certains s’inquiètent sérieusement, mais la solution viendra peut-être du marché lui-même. Les positions baissières sur le dollar prises par les hedge funds et autres spéculateurs sont plus fortes encore qu’au début 2008 et à fin 2009, précédents records. Et que s’était-il alors passé ? Le billet vert avait rebondi de plus de 20 % durant le semestre suivant. Les vilains spéculateurs se révéleront peut-être plus efficaces que le FMI !

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