“Notre vocation, c’est de faire de l’argent”

© isopix

PHILIPPE DELUSINNE. Une restructuration, cela veut dire que l’on réduit les coûts, point. Ici, la réduction de coûts n’est qu’une des conséquences d’un objectif beaucoup plus ambitieux qui est un plan de transformation de l’entreprise, c’est-à-dire changer la manière de travailler, d’opérer et de fonctionner.

De nombreux employés vous reprochent d’avoir raté le train du digital et d’essayer de le rattraper aujourd’hui avec ces 105 licenciements…

Il est paradoxal qu’on nous reproche, d’une part, d’anticiper trop vite les dégâts que TF1 pourra faire et, d’autre part, de ne pas avoir suffisamment réagi à l’avenir du digital. Pour le digital, il faut être clair : nous avons créé une initiative il y a presque huit ans avec 40 personnes et on l’a détricotée parce que ça ne rapportait pas d’argent. Au contraire, ça en coûtait. Il ne faut pas se tromper : notre vocation, c’est de faire de l’argent. J’ose le dire, ce n’est pas une honte. Mais nous ne sommes pas trop tard et je pense que nous allons pouvoir, à partir de maintenant, monétiser le digital, ce qui n’était pas le cas il y a trois ou quatre ans.

Si vous n’aviez pas sorti ce plan, le département télévision de RTL Belgique pouvait mettre la clé sous le paillasson ?

Ou changer drastiquement…

En devenant M6 Belgique, par exemple ?

Oui, bien sûr. Je pense que si on ne prend pas ce virage maintenant, on met en péril l’avenir de l’entreprise dans sa structure actuelle.

Certains vous prêtent l’intention de mettre en place ce plan pour ” habiller la mariée ” et mieux revendre ensuite RTL Belgique…

C’est totalement faux ! RTL Belgique n’est pas à vendre, ni aucune société du groupe RTL comme M6 par exemple.

La semaine dernière, Gilles Pélisson, patron de TF1, a ironiquement déclaré que RTL Belgique était ” un formidable exemple ” pour son propre groupe : un opérateur étranger qui vient monétiser ses audiences en Belgique et qui snobe le CSA belge…

Je trouve qu’on est à la limite de l’insulte. Monsieur Pélisson ose nous faire la leçon alors qu’il vient prendre de l’argent ici sans rien apporter. RTL Belgique, ce sont près de 800 personnes, peut-être 700 demain, qui travaillent au quotidien depuis 30 ans et qui apportent un vrai contenu avec une vraie proximité. C’est insultant et méprisant de sa part. Une fois de plus, il fait preuve d’une méconnaissance d’un pays où il a pourtant vécu pendant cinq ans.

Vous ne regrettez donc pas le mot prédateur que vous avez utilisé à l’égard de TF1 ?

Je persiste et je signe : le prédateur, dans le sens propre du terme, est quelqu’un qui vient, qui prend et qui n’apporte rien. Exactement comme TF1.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content