Noiret au National
La chorégraphe Michèle Noiret présente pour quelques soirées bruxelloises, “Le chant des ruines”, sa dernière création aux sources et langages multiples.
Alors que du côté flamand, le paysage chorégraphique des années 1980-1990 était largement occupé par le succès international de Wim Vandekeybus, Alain Platel et Anne Teresa De Keersmaeker (cette dernière étant d’ailleurs, honneur suprême, le sujet d’une parodie des Snuls), Michèle Noiret réalisait du côté francophone un parcours tout aussi lumineux. Celle qui aura 60 ans ce 23 mai, fille de Joseph Noiret, poète écrivain cofondateur du mouvement CoBrA, se forme à l’école de danse Mudra de Béjart à Bruxelles, y nouant des liens durables avec le compositeur Karlheinz Stockhausen. Dès les années 1990, sa carrière de chorégraphe connaît une belle reconnaissance, dont plusieurs créations dansées et chorégraphiées avec l’Américain Bud Blumenthal, son compagnon dans la vie.
Une trentaine de pièces plus tard, celle qui métamorphose l’espace scénique et entretient un rapport fort au son et à l’image, propose Le chant des ruines, en octobre 2019, à Charleroi-Danse. La chorégraphe, qui a été l’une des premières à intégrer les nouvelles technologies dans ses spectacles, décrit son dernier projet comme suit : ” Il s’agit d’un voyage qui part de quelque chose de très insouciant, une certaine idée du passé et puis, à un moment donné, cela se resserre et on passe dans ce que l’on appelle la géopolitique. On est dans un mur qui se construit, le mur prend feu et on est dans l’incendie. C’est la magie de la fusion et aussi de la force d’interprétation des danseurs .” Les intentions contemporaines sont présentes dans le geste dansé des cinq interprètes tout autant que dans le sous-texte du spectacle. Affrontements et évitements : cette nouvelle création combine danse, images prises sur le vif et une bande-son performante, comme toujours chez Noiret. Le beau Danube bleu de Johann Strauss fait voguer le navire chorégraphique avec la bossa nova du Brésilien Walter Wanderley ou encore le tube Back To Black d’Amy Winehouse. La chanteuse pouvant tout aussi bien faire office de métaphore des enjeux environnementaux actuels, ceux dont l’excès signifie aussi la mort.
Du 18 au 22 février au Théâtre National à Bruxelles, www.michele-noiret.be
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