Nestlé perd sa note AA

• En prenant une participation dans le géant suisse du secteur alimentaire, l’actionnaire activiste américain Dan Loeb semble avoir réveillé la direction de Nestlé. Car quelques jours après, Nestlé dévoilait un plan ambitieux. Outre de nouveaux investissements dans le café, les aliments pour bébés, l’eau en bouteille et les produits pour animaux domestiques, le groupe table sur des acquisitions pour accélérer la croissance du chiffre d’affaires. Mais l’élément le plus marquant du plan est le redémarrage du programme de rachat d’actions propres. Nestlé veut racheter pour plus de 18 milliards d’euros d’actions propres au cours des prochaines années.

• Investir dans le chiffre d’affaires est une bonne chose pour les détenteurs d’obligations, mais un programme de rachat d’actions ne l’est pas. Comme un versement de dividende, les profits en reviennent exclusivement aux actionnaires. Un tel plan peut affaiblir la structure financière d’une entreprise si les rachats sont financés par dette ; c’est le cas en l’occurrence, même si ” l’optimisation du bilan ” annoncée fait mieux passer la pilule.

• Après la publication du plan, S&P a dégradé la note de Nestlé de AA à AA-. Bien que cela reste une note très élevée, le signal donné est clair. S&P prévoit que le ratio dette/EBITDA atteindra 2 et restera à ce niveau – un taux d’endettement plus élevé de manière permanente. Moody’s pressent également une détérioration du ratio d’endettement, mais a maintenu la note à Aa2. Les deux évaluateurs de crédit soulignent que le groupe est un leader mondial dans l’industrie alimentaire et que les nouveaux investissements amélioreront la génération de cash-flows. Les perspectives sont dès lors stables.

• Que les détenteurs d’obligations Nestlé ne se fassent pas de mouron. Bien que le programme de rachat d’actions propres érode leur marge de sécurité, Nestlé reste un émetteur très solvable. Il est cependant clair que de telles manoeuvres ne vont pas dans l’intérêt des détenteurs d’obligations. Et il reste à attendre l’impact des nouveaux investissements sur le chiffre d’affaires et la marge bénéficiaire.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content