Voiture: l’Allemagne s’oppose au tout électrique pour 2035

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Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

L’Italie et l’Allemagne menacent de bloquer l’échéance de 2035 pour les voitures zéro émission. Berlin demande un engagement à accepter les carburants synthétiques.

Alors que l’interdiction des ventes de voitures à carburant fossiles à partir de 2035 a déjà été adoptée par le Parlement européen, l’Allemagne pourrait ne pas apporter sa voix. Le vote au Conseil européen prévu initialement pour le 7 mars a été reporté sine die. Berlin souhaite en effet que la décision prenne en considération les véhicules utilisant du carburant synthétique neutre en carbone (e-carburant).

Or au Conseil, le texte final doit être approuvé par au moins 15 États membres représentant au moins 65% de la population de l’Union. Et sans soutien de l’Allemagne, un échec est possible, d’autant que des pays comme la Pologne, l’Italie et la Bulgarie pourraient eux-aussi voter contre le compromis. Il a donc été décidé de reporter le vote. Les ambassadeurs des Vingt-Sept à Bruxelles ont “décidé de reporter la décision (…) à une réunion ultérieure”, a annoncé un porte-parole de la représentation de la Suède, pays qui assure la présidence tournante du Conseil de l’UE. Les ambassadeurs “reviendront sur ce sujet en temps voulu”, a-t-il ajouté.

La Belgique, elle, est favorable au compromis d’octobre. Elle était “l’un des États membres les plus ambitieux” en la matière, indiquait-on à bonne source. Interrogée à la mi-journée, la Commission européenne s’est montrée sensible “aux préoccupations qui se sont multipliées ces derniers temps”. “Nous aimerions mieux les comprendre, il est dès lors prématuré de parler des options sur la table”, selon une porte-parole.

L’exécutif européen rappelle que le choix de la technologie à utiliser pour atteindre l’objectif 2035 de voitures particulières à émissions nulles en CO2 relève des États membres.

Continuer à utiliser des voitures à carburant

L’Allemagne, poussée par son industrie automobile, attend de la Commission une déclaration ou un engagement précis au sujet des e-carburants.  « Nous avons besoin des e-fuels quand il n’y a pas d’alternative pour opérer des flottes de véhicules de manière neutre pour le climat » a dit mercredi Volker Wissing, ministre allemand des transports à la chaine ARD, cité par Bloomberg. « Ceux qui sont sérieux sur la mobilité climatiquement neutre doivent garder toutes les options ouvertes. » 

Les e-carburants pourraient notamment être fabriqués au départ de CO2 capté et d’hydrogène, et seraient zéro émission en calculant les émissions sur l’ensemble du processus (capture du CO2, production du carburant avec de l’électricité verte, utilisation dans le véhicule). Ils ne sont pas encore commercialisés, mais les pétroliers souhaitent, eux aussi, qu’ils soient pris en considération dans l’UE après 2035. Cela permettrait de continuer à vendre des voitures à carburant.

Clause de revoyure 

L’accord européen prévoit d’examiner le sort des carburants synthétiques en 2026. L’idée est de voir s’ils pourraient être inclus parmi les solutions zéro-émissions admises dans les autos et les utilitaires légers vendus à partir de 2035.

Thierry Breton, commissaire européen responsable du marché intérieur, n’a pas caché ses réticences à tout miser sur les voitures électriques ou à hydrogène pour passer au zéro émission. «Les questions sont très nombreuses et nous devrons peut-être adapter en 2026, ou avant 2026, les mesures soutenant la trajectoire vers 2035», avait-il déclaré au quotidien Les Echos fin 2022.  Ainsi, ces carburants synthétiques pourraient être nettement plus chers que les carburants d’origine fossile.

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