“Tesla et d’autres voitures autonomes n’améliorent pas la sécurité”

Voitures autonomes: Volvo et Uber s'allient © BELGA

Mauvaise nouvelle pour la voiture autonome : elle rate un examen important de la fédération américaine des assurances. En matière de sécurité, huit marques sur dix ont un mauvais score. Ces voitures n’améliorent donc pas la sécurité, alors qu’elles sont vendues comme telles.

A l’avenir, les voitures intelligentes et autonomes nous emmèneront en toute sécurité d’un point à un autre, pendant que nous vaquerons à d’autres occupations, comme travailler, lire ou regarder un film. C’est du moins ce que certains, comme Elon Musk, imaginent. Mais aujourd’hui, cette vision semble toujours tenir de la science-fiction.

Mauvaises notes

L’Insurance Institute for Highway Safety (IIHS), pôle de recherche de la fédération américaine des assurances, s’est penché sur les chiffres des accidents impliquant les voitures dites autonomes. 14 systèmes de neuf marques différentes (Tesla, Mercedes-Benz, BMW, Nissan, Ford, GM, Genesis de Hyundai, Volvo et Toyota/Lexus) ont été passées au crible. Verdict : la note générale attribuée est “mauvais”. Sauf pour Toyota et Lexus, dont la gommette est “acceptable”. Deux systèmes de GM et de Nissan ont la note de “marginale”, mais les deux autres ont une mauvaise note.

À noter que c’est aux États-Unis que l’usage de ces voitures “autonomes” est le plus répandu – de loin. Des systèmes comme le “Full Self Drive” de Tesla n’est par exemple pas disponible en Europe. Les États-Unis sont donc un environnement intéressant pour ce genre de tests sur le terrain.

Pourquoi ces mauvaises notes ? “Les véhicules partiellement automatisés ne sont pas des autopilotes, même si les constructeurs automobiles utilisent parfois des noms qui laissent entendre que leurs systèmes le sont. Le conducteur humain doit encore s’occuper de nombreuses tâches de conduite de routine, surveiller les performances de l’automatisation et se tenir prêt à prendre le relais en cas de problème. Bien que la plupart des systèmes d’automatisation partielle soient dotés de certaines mesures de protection pour s’assurer que les conducteurs sont concentrés et prêts, ces premiers essais montrent qu’ils ne sont pas assez robustes”, peut-on lire dans l’étude.

En résumé, ces systèmes donnent donc l’impression que la voiture roule toute seule et que les conducteurs peuvent se reposer derrière le volant. Mais elle n’en est pas vraiment capable, ce qui augmente les risques d’accidents.

“Pas d’amélioration au niveau de la sécurité”

Ces systèmes d’autopilote sont souvent vendus comme une amélioration de la sécurité, réduisant le risque d’accidents. Car la machine serait infaillible, contrairement à l’homme (c’est la vision à long terme, du moins). Mais selon l’IIHS, ce n’est pas le cas. “Nous avons pu examiner des véhicules avec et sans ces systèmes et déterminer qu’il n’y a pas de réduction des sinistres grâce à ces systèmes plus avancés”, explique David Harkey, président de l’institut, dans un commentaire à Reuters. Pire : “Comme l’ont montré de nombreux accidents très médiatisés, ils peuvent introduire de nouveaux risques lorsque les systèmes ne sont pas dotés des protections appropriées”, note-t-il dans l’étude.

Il compare l’autopilote au freinage d’urgence automatique, existant dans bon nombre de voitures aujourd’hui. Ce freinage permet par exemple de réduire les collisions de 50% et les accidents avec les piétons de 30%. Et ce freinage intervient justement quand le conducteur ne le fait pas à temps : la machine est donc plus performante que l’être humain. Pour les autres systèmes, la sécurité s’empire si l’être humain n’est pas attentif. Dans des vidéos, il était par exemple apparu que l’autopilote (de Tesla, en l’occurrence), change inopinément de bande.

Le résultat de l’étude est un coup porté à la voiture autonome… Et ce n’est pas le seul. Aux États-Unis toujours, il y a également la saga des taxis autonomes à San Francisco, ville pionnière en la matière. Après deux mois d’exploitation à travers toute la ville (avant, la zone autorisée était limitée), les véhicules sans chauffeur Cruise de GM se sont vus retirer leur autorisation. En cause, entre autres : un accident lors duquel le comportement de la voiture a aggravé les choses, en roulant sur la personne se trouvant à terre. Selon l’autorité en charge, les véhicules ne sont donc “pas sûrs pour une utilisation publique”.

GM a ensuite mis la production sur pause, ce qui montre que l’autorisation pourrait ne pas être récupérée de sitôt.

Tout n’est pas à jeter

Même si le résultat général du test est la note de “mauvais”, toutes les marques ont reçu de “bons” scores dans différentes sous-catégories. Puis l’idée d’un telle étude – la première que l’IIHS a réalisée, d’ailleurs – est de constater des manquements pour pouvoir y répondre et y remédier.

Les marques répondent qu’elles prennent les résultats aux sérieux et qu’elles vont les analyser afin d’améliorer leurs produits. Même si certaines nuancent en disant qu’il s’agit plus d’une “plus d’une option pour améliorer l’expérience de la conduite, que d’un dispositif de sécurité” (GM) et que l’étude “ne juge pas les performances des systèmes, mais les mesures pour empêcher les abus” (Mercedes).

Harkey suggère encore aux marques d’ajouter des outils qui observent la concentration du conducteur. Certaines ont par exemple déjà installé des capteurs pour voir si les mains sont sur le volant ou des caméras pour suivre le regard du conducteur, et lui rappeler de garder les yeux rivés sur la route s’ils s’en éloignent. Mais notons que de telles mesures de contrôle montrent une chose : le conducteur reste indispensable, et la voiture est donc loin d’être autonome.

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