Stellantis a annoncé mercredi 16 juillet 2025 qu’il mettait fin à son programme de développement de l’hydrogène et à son offre de véhicules utilitaires à piles à combustible. La nouvelle direction, menée depuis fin juin par Antonio Filosa, justifie cette décision par « l’absence de perspectives à moyen terme pour le marché de l’hydrogène »
La production en série d’une nouvelle gamme d’utilitaires à hydrogène – qui devait débuter cet été à Hordain (France) et Gliwice (Pologne) – est annulée. La série précédente s’était vendue à seulement 300 exemplaires. Les quelque 100 salariés affectés au projet seront « réorientés vers d’autres projets ».
Des freins techniques et économiques majeurs
Stellantis n’anticipe pas l’adoption des véhicules utilitaires légers à hydrogène avant la fin de la décennie, en raison de « la disponibilité limitée des infrastructures de ravitaillement en hydrogène, des investissements considérables requis et du besoin d’incitations très élevées pour les clients ». Jean-Philippe Imparato, directeur de Stellantis Europe, résume ainsi : « Le marché de l’hydrogène demeure un segment de niche, sans perspectives de rentabilité économique à moyen terme ».
Le choix stratégique se dirige désormais vers l’accélération de l’offre électrique et hybride, jugée plus compétitive et alignée avec la réglementation CO₂ européenne.
Avantages vs. réalité du marché
Les utilitaires à hydrogène offraient des avantages techniques : recharge rapide, autonomie comparable au diesel, et besoin de batteries plus petites donc moins gourmandes en matières premières. Mais le coût à l’achat – autour de 100 000 € – et l’absence d’infrastructures de ravitaillement en restent les principaux freins.
Renault avait, de son côté, mis en liquidation début 2025 son usine d’utilitaires à hydrogène de Flins (Yvelines). Actuellement, seuls Toyota, Hyundai et BMW maintiennent de petits programmes sur ce segment.
La coentreprise Symbio, lancée en 2023 avec Michelin et Forvia, est également menacée : Stellantis représente 80 % de son activité. Si Michelin a dénoncé une décision « inattendue, brutale et non concertée », Stellantis assure être en discussion avec ses partenaires, même si Symbio possède d’autres clients.
Perspectives belges et européennes
En Belgique, l’hydrogène reste un enjeu stratégique, notamment via des initiatives autour du port d’Anvers-Bruges ou de Fluxys pour jouer un rôle de hub européen. Toutefois, la Cour des comptes européenne et la CREG belges soulignent que la demande peine à suivre et que l’infrastructure hydrogène divise. L’hydrogène dans le transport lourd ou le fret gagne du terrain, mais à une échelle encore limitée.