Renault Emblème : le retour (surprise) de l’hydrogène dans le débat automobile

l’Emblème, un concept car bi-énergie combinant batterie et hydrogène
Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Alors que l’avenir de l’automobile semble tout tracé vers l’électrique, Renault relance le débat avec l’Emblème, un concept car bi-énergie combinant batterie et hydrogène. Objectif : lever les freins liés à l’autonomie et réduire drastiquement l’empreinte carbone. Une provocation ? Plutôt une piste sérieuse pour un futur moins binaire que prévu.

Avec son concept car Emblème, Renault esquisse une nouvelle voie : celle d’une voiture hybride à double énergie, à la fois électrique et hydrogène. Ce prototype pourrait préfigurer un modèle de série, si l’on en croit le CEO du groupe. Fin octobre 2024, à Douai, le CEO du groupe, Luca de Meo, avait glissé devant quelques journalistes : « Ceux qui me connaissent un peu savent que quand je mets quelque chose sur le devant de la scène, je fini par le faire, ce n’est pas seulement un concept car. »

Le futur serait-il hybride ? Les chiffres annoncés sont prometteurs : une réduction de 90 % des émissions de CO2 sur l’ensemble du cycle de vie, bien au-delà de ce que permet une voiture 100 % électrique aujourd’hui.

En 2024, l’hydrogène fait encore figure d’ovni : seuls six véhicules à hydrogène ont été immatriculés en Belgique, contre près de 128.000 voitures électriques. Hormis Toyota, peu de constructeurs y croient encore. Pourtant, Renault relance le débat.

Un hybride d’un nouveau genre

L’Emblème se présente comme une réponse à la principale faiblesse de l’électrique : l’autonomie sur longs trajets et les temps de recharge. Dotée d’une batterie modeste de 40 kWh (comme une R5 électrique), elle suffirait pour 300 km au quotidien. Sur autoroute, une pile à combustible alimentée en hydrogène prend le relais pour recharger la batterie, permettant jusqu’à 1000 km avec deux arrêts de cinq minutes tous les 350 km. Sur un Paris-Marseille, Renault estime que 75 % de l’énergie proviendrait de l’hydrogène, avec pour seul rejet… de l’eau.

Une vision industrielle ambitieuse

Le constructeur français a mobilisé plusieurs partenaires pour réduire l’empreinte carbone de chaque composant :

  • La batterie, conçue avec Verkor, affiche -72 % d’émissions.
  • L’acier fourni par ArcelorMittal est plus résistant et 8 % plus léger.
  • Les poignées de portières (Akwel), les essuie-glaces (Valeo), ou encore l’aluminium des portes (Constellium), ont été allégés et pensés pour un recyclage optimisé.

Cette approche vise à créer un véhicule exemplaire, bien au-delà de la simple innovation technologique.

Mais où est l’hydrogène vert ?

Le talon d’Achille du projet reste l’approvisionnement en hydrogène bas-carbone. Pour que la promesse de “zéro émission” tienne, encore faut-il produire cet hydrogène à partir d’énergies renouvelables. Or, les infrastructures font défaut. Luca de Meo se veut optimiste : il suffirait de quelques centaines de stations sur les grands axes, couvertes d’ici 2030 par les exigences du règlement européen AFIR (une station tous les 200 km).

L’Emblème est donc un symbole, au sens fort. Il ne promet pas une révolution industrielle immédiate, mais rouvre un champ des possibles que l’on croyait refermé. Et pose une question essentielle : le futur de la voiture sera-t-il vraiment tout électrique ? Ou un peu plus nuancé que prévu ?

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