Les véhicules électriques bon marché chinois sur un boulevard en Europe ? Ce n’est peut-être pas si simple

LE CHINOIS XPENG, considéré comme le Tesla chinois. © REUTERS

Les véhicules électriques bon marché chinois vont inonder le marché européen et les constructeurs locaux seront complètement dépassés – voilà un discours qui gagne en ampleur ces derniers temps. Mais ce ne serait pas si simple : ces marques chinoises connaissent plusieurs difficultés chez elles.

L’industrie automobile européenne n’est pas assez rapide dans le développement de l’électrique et elle sera vite rattrapée et dépassée par les véhicules électriques chinois. Ils pourraient littéralement inonder le continent dans les années à venir. Voilà un message qu’on entend de plus en plus, ces derniers temps.

Même la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est exprimée sur les véhicules chinois bon marché, lors de sa déclaration sur l’état de l’Union, la semaine dernière. Elle a annoncé l’ouverture d’une enquête anti-subventions : “Les marchés mondiaux sont aujourd’hui inondés de voitures électriques chinoises bon marché, dont le prix est maintenu artificiellement bas par des subventions publiques massives. Cela fausse notre marché. Je vous annonce donc aujourd’hui que la Commission ouvre une enquête anti-subventions sur les véhicules électriques en provenance de Chine. L’Europe est ouverte à la concurrence. Pas à un nivellement par le bas.”

L’Europe est donc inquiète de cette potentielle invasion. 10% des véhicules électriques vendus en juillet étaient déjà de fabrication chinoise. Pour 2025, la part pourrait augmenter d’un tiers, à 15%.

Difficultés

Mais certains éléments permettent d’un tant soit peu relativiser les choses, autant pour les craintes de l’Europe que pour ceux qui voudraient capitaliser sur cette invasion en investissant dans les constructeurs chinois. C’est que “chez elles”, la situation n’est pas au plus beau fixe pour les marques chinoises.

C’est notamment le cas pour une des marques les plus connues, XPeng, rapporte Bloomberg. Depuis un an environ, les constructeurs se livrent une guerre des prix. Dans une économie qui tourne au ralenti, la demande est en baisse et les marques de véhicules cassent les prix pour continuer à attirer des acheteurs. Ce qui ronge les marges. XPeng est déficitaire et devrait même le rester jusqu’en 2025. La société connaît en plus des goulots d’étranglement dans sa production.

Des marges réduites ou négatives, cela donne une marge de manoeuvre plus petite pour investir ailleurs, comme en Europe, peut-on en déduire. Les investisseurs peuvent aussi devenir plus frileux quant à de nouveaux projets. Même si, bien sûr, les perspectives de modèles moins chers que les marques européennes restent une bonne assurance de potentiels revenus futurs. Mais il reste à voir comment l’enquête voulue par la Commission européenne pourrait jouer sur les prix voire sur l’accès des VE chinois au marché unique.

C’est en tout cas une fenêtre de tir pour les marques européennes, même si les défis sont grands. Les constructeurs chinois ont des coûts de production moins élevés et le pays est surtout le premier producteur mondial de batteries. Il détient aussi un monopole dans toute une série de métaux rares.

Volatilité

Autre preuve, les analystes financiers ne savent pas vraiment dans quelle direction XPeng va aller. C’est une des actions chinoises pour laquelle les estimations pour les 12 mois à venir varient le plus. Autant une hausse de 169% qu’une baisse de 75% seraient possibles. En termes de valeur boursière, cette différence entre l’estimation la plus haute et la plus basse est de 31 milliards de dollars (alors que la marque en vaut 16). À court terme aussi, l’action est très volatile.

Cela montre que ces spécialistes ont des doutes et que le constructeur, déjà présent chez nous, n’est pas forcément sur un boulevard pour conquérir le marché européen.

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