Les Parisiens votent contre les SUV : et à Bruxelles ?
Les Parisiens ont approuvé ce dimanche un projet de triplement des tarifs de stationnement pour les voitures hautes et lourdes, aussi appelées SUV. Se dirige-t-on vers le bannissement de ces voitures dans d’autres centres-villes ? Bruxelles réfléchit à la question.
Les SUV (Sport Utility Vehicle) sont des véhicules aux caractéristiques combinant “celles d’une voiture de tourisme avec celles d’un véhicule utilitaire“. Ces modèles, tout comme les 4×4, ne sont plus les bienvenus à Paris.
Dans la ville lumière, un peu plus de 78.000 des 1,3 million d’électeurs, soit 5,68%, ont participé à un référendum qui crée un tarif spécifique pour le stationnement des “voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes“. Cette votation est la seconde dans la capitale française, après celle qui avait entériné l’éviction des trottinettes en libre-service en avril 2023.
Selon la proposition de la maire socialiste Anne Hidalgo, l’utilisateur d’un véhicule thermique ou hybride rechargeable dépassant 1,6 tonne, ou deux tonnes pour un véhicule électrique, devra bientôt payer 18 euros l’heure de stationnement dans les arrondissements centraux de la capitale, 12 euros pour les arrondissements extérieurs. Les résidents se garant dans leur quartier et les professionnels, dont les taxis, ne seront pas concernés. La délibération sera présentée en mai pour application au 1er septembre, a indiqué Anne Hidalgo à l’annonce des résultats.
« Une mesure bonne pour la santé et la planète »
La maire a salué un “choix clair des Parisiens” en faveur d’une mesure “bonne pour notre santé et bonne pour la planète”. Hidalgo a justifié la votation par la lutte contre la pollution, un meilleur partage de l’espace public et la “sécurité routière“, les accidents impliquant un SUV étant, selon la mairie, “deux fois plus mortels pour les piétons qu’avec une voiture standard”. Selon la mairie, la surtaxation concernerait “à peu près 10% du parc” et pourrait rapporter environ 35 millions d’euros de recettes supplémentaires.
L’ONG WWF qualifie les SUV d'”aberration” face au réchauffement climatique: ceux-ci sont “200 kilos plus lourds, 25 cm plus longs, 10 cm plus larges” qu’une voiture standard. Et nécessitent davantage de matériaux pour leur fabrication, consomment 15% de carburant et émettent 20% de CO2 de plus qu’une berline.
Sans surprise, les associations d’automobilistes ont fustigé l’initiative de la mairie, rappelant que SUV est une “appellation marketing” qui “ne veut rien dire”, selon Yves Carra, porte-parole du Mobilité Club France.
Et à Bruxelles ?
Les SUV sont des modèles qui ont beaucoup de succès auprès des automobilistes. Plus de la moitié des voitures neuves vendues en Europe sont des SUV, rapporte le site spécialisé Autonews.com.
La Belgique n’échappe pas à cette tendance de voitures de plus en plus imposantes. A Bruxelles aussi, une réflexion est lancée pour « voir quels sont les scénarios possibles pour lutter contre ces phénomènes de grossissement des voitures et de multiplications des pick-up », explique la ministre bruxelloise de la Mobilité, Elke Van den Brandt (Groen), à nos confrères du Soir.
Outre la place supplémentaire que ces véhicules prennent en rue, l’aspect sécuritaire est aussi mis en avant. Une étude de Vias, publiée fin août 2023 et relayée par Le Soir, établissait que les occupants d’une petite citadine couraient environ trois fois plus de risques de subir des lésions graves en cas de collision avec un SUV de deux tonnes qu’avec une citadine de masse similaire.
Selon Vias, « un piéton ou un cycliste heurté par une voiture dont le capot est situé à 90 cm de hauteur court un risque de blessures mortelles 30 % plus élevé que s’il est heurté par un véhicule dont le capot est 10 cm plus bas ».
Une fiscalité décourageante
En Wallonie, les automobilistes sont désormais découragés dans l’achat d’un tel modèle plus encombrant et polluant via la nouvelle fiscalité mise en vigueur. Ainsi, la nouvelle taxe de mise en circulation tient compte notamment du poids du véhicule et de ses émissions de CO2. A Bruxelles, la ministre de la mobilité renvoie la balle au prochain gouvernement. « Beaucoup de pistes sont envisagées », confie-t-elle au quotidien francophone. « Cela va de la fiscalité au poids ou au volume jusqu’à l’augmentation des frais de stationnement, à l’interdiction pure et dure des pick-up, comme une interdiction aux abords des écoles ou même sur l’ensemble du territoire de la Région »
En Belgique, d’autres villes se positionnent pour ou contre ce type de règlement anti-SUV. Louvain et Gand désirent aussi limiter leur présence, alors que les autorités anversoises déclarent n’avoir aucune intention de bannir les SUV. Hors de nos frontières, Sadiq Khan, le maire de Londres, a déclaré dimanche suivre avec beaucoup d’intérêt les décisions prises par les autorités de la capitale française.
Avec AFP
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