Le camion électrique est-il vraiment rentable?
Les entreprises hésitent à adopter le camion électrique, trois fois plus cher qu’un diesel. Weerts Supply Chain s’est lancé et se montre optimiste, même si le coût est un peu plus élevé par kilomètre. Retour d’expérience…
La société Weerts Supply Chain (WSC) fait partie des rares entreprises belges qui se lancent dans le camion électrique. Elle a mis en service un Volvo FE, avec 8 tonnes de charge utile, de 20 palettes, pour assurer une tournée de livraison de matériel électroménager dans des magasins Limbourg et la province de Liège sans émettre de CO2.
Le véhicule assure une tournée qui peut dépasser les 300 kilomètres. « Il s’arrête 15 à 18 fois dans la journée, fait en moyenne 250 kilomètres » indique Didier Weerts, CEO de WSC. Il estime que ce type de camion peut convenir, dans certaines situations, au transport de marchandises.
Un surcoût de 5,5%
Ce n’était pas gagné d’avance, car un camion électrique coûte cher, « presque trois fois le prix d’un camion diesel », explique Didier Weerts, que le coût moindre de la maintenance ne compense pas forcément. Son autonomie est limitée. Il faut assurer la recharge sans affecter la productivité du véhicule.
« Nous avons fait des calculs et l’utilisation d’un camion électrique représente un surcoût de 5,5%, que nous prenons à notre charge » continue le CEO de WSC. « Le calcul peut changer selon le coût du carburant. Pour l’heure, le tarif du diesel est assez bas. »
Sans subside, le projet n’était pas viable
Ce calcul intègre la reprise garantie du camion par Volvo Trucks, ce qui supprime l’incertitude de la valeur de revente. Il tient aussi compte d’une aide publique disponible en Flandre, où est basé le camion, indisponible en Wallonie. « Elle couvre environ le tiers du prix d’achat, sans elle il aurait été impossible d’envisager ce projet », continue Didier Weerts.
Cela explique du reste pourquoi le parc national de camions électriques, moins de 200 véhicules, est concentré dans le nord du pays.
Un premier test concluant de quelques mois
La société WSC avait souhaité expérimenter le camion électrique. Ceci cadre parfaitement avec ses ambitions environnementales . Elle a commencé par faire un test pendant quelques mois avec un camion Volvo. Il s’est avéré concluant tant pour WSC que pour ses clients. Le camion a pu faire le service normalement, dans de bonnes conditions opérationnelles.
Volvo a aidé l’entreprise pour étudier l’usage optimal d’un camion électrique, en faisant des évaluations sur la base des déplacements projetés. WSC a alors acquis un camion.
Pas adapté à tous les usages
La premier projet de transport pour le compte d’une industrie a été abandonné. Le poids à transporter était élevé, il y avait de l’autoroute, qui consomme beaucoup. La fréquence et les temps de recharge étaient trop longs. En revanche, un travail de livraison local, avec arrêts fréquents, s’est avéré plus praticable. La recharge se fait dans les installations de WSC, hors des heures de service.
Le camion électrique n’est donc pas encore utilisable pour tous les usages logistiques, mais ça pourrait changer. « Nous avons noté qu’entre le camion utilisé pour la période test et celui commandé, la progression de l’autonomie était de 35% », note Didier Weerts. Des progrès peuvent encore arriver tant en autonomie que dans le tarif du camion, encore élevé. L’autonomie actuelle du camion acquis est de 350 km. Il y a encore du chemin à parcourir…
Faire payer le surcoût ?
L’entreprise s’intéresse aux camions à faible ou zéro émission, quelle que soit la technologie. « Nous utilisons depuis quelques mois un camion au carburant HVO100 », continue le CEO. Il s’agit d’un biocarburant, produit notamment avec de l’huile de friture, qui aboutit, selon ses producteurs, à une réduction jusqu’à 90% des émissions de CO2. Il reste toutefois plus cher que le diesel. « L’avantage est que tous les camions diesel peuvent l’utiliser. »
Il ressort de ces premiers pas que le recours à des camions émettant très peu ou pas du tout de CO2 suppose souvent un coût supérieur par kilomètre. Est-il possible d’intégrer cela dans la facturation du transport ? « Si l’on déploie ces camions à grande échelle, il faudra un jour parler aux clients de ce sujet », conclut Didier Weerts. « Je reste optimiste qu’il sera possible d’arriver à un accord. Les clients sont eux aussi sous la pression d’améliorer leur empreinte environnementale. »
WSC, filiale du Weerts Group, gère une flotte de 35 camions, plus 75 camions quotidiennement auprès de partenaires. WSC est un grand acteur belge de la logistique, qui possède des dépôts et opère sur 8 sites en Belgique.