Le budget mobilité encore très peu utilisé dans les PME belges
Le budget mobilité, qui fête ses trois ans, n’a pas encore rencontré le succès escompté au sein des PME belges.
Entré en vigueur le 1er mars 2019, le budget mobilité peine encore à s’installer dans les PME belges. En Flandre, ce sont seulement 2% des petites et moyennes entreprises qui l’utilisent. Côté Wallonie, c’est pire, puisqu’elles sont moins de 1% à l’avoir mis en place. A Bruxelles, c’est légèrement mieux.
Dans la capitale belge, ce sont en effet 8% des PME – soit une sur douze – qui se servent du budget mobilité. Et à titre de comparaison, à Bruxelles, seules quatre PME sur dix refusent le budget de mobilité, contre six sur dix en Wallonie. Tous ces chiffres proviennent d’une enquête de SD Worx menée en juin 2022 auprès de 612 chefs d’entreprise et responsables du personnel de PME.
Une différence de comportement visible entre la ville et la campagne
D’après le Service public fédéral, le budget mobilité permet à un chef d’entreprise de proposer à ses employés d’échanger leur voiture de société ou leur droit à une voiture de société contre un budget mobilité. Ces derniers peuvent ainsi remplacer leur voiture de société par d’autres options plus respectueuses de l’environnement, dont une voiture de société écologique, des moyens de transport durables (voiture partagée, vélo, transport en commun…) et/ou de l’argent.
Jordane Houdart, consultante juridique pour les PME chez SD Worx, explique à Trends Tendances que la position géographique du siège social de l’entreprise influence grandement l’utilisation du budget mobilité.
Une voiture reste nécessaire pour les visites de clients et les salariés ne sont pas totalement libres de déterminer leur propre mobilité. Le budget mobilité est utilisé principalement par des employeurs dont le siège social est à Bruxelles. D’autant plus qu’en voiture, il est compliqué d’arriver à l’heure quand on travaille dans la capitale. En transport en commun, cela va plus vite, ce qui favorise ce mode de transport plus écologique. Mais même si l’intérêt est plus grand, ce n’est pas encore phénoménal.
Jordane Houdart, consultante juridique pour les PME chez SD Worx
Une réticence aujourd’hui confrontée à la réalité du marché
Selon SD Worx, en mars 2022, environ 16% des PME ont déclaré qu’elles s’attendaient à ce que leurs travailleurs demandent des budgets de mobilité d’ici 2022. Mais bien obligé de constater que pour l’instant, cela ne se traduit pas par des taux d’adoption élevés. L’enquête montre également que les entrepreneurs de PME ne sont pas opposés à l’acquisition de véhicules plus écologiques, mais la majorité d’entre eux rencontrent encore trop de “facteurs bloquants“.
Selon Jordane Houdart, ces facteurs bloquants sont la complexité administrative, le flou juridique autour des véhicules électriques – et notamment par rapport à la non déduction fiscale des voitures émettant du CO2 à partir de 2026. Ce flou fiscal concerne également la recharge à domicile pour les voitures électriques.
Pour répondre à ces problématiques, Jordane Houdart précise qu’ “il faut que les entreprises soient assistées par un expert qui pourra leur donner des réponses concrètes aux questions qu’elles se posent. Et la charge administrative peut être simplifiée.”
Enfin, la hausse des carburants, et les crises successives qui fragilisent le marché peuvent-elles entraîner un changement des comportements ? “Oui, clairement“, déclare Jordane Houdart. Passer sur un mode de transport plus écologique pourrait donc également prévenir les entreprises des facteurs négatifs extérieurs. A voir si cela se traduira par une augmentation de l’utilisation du budget mobilité.
Aurore Dessaigne
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