Ce mercredi, le bourgmestre de Charleroi rencontrait le ministre fédéral de la Mobilité, Jean-Luc Crucke (LE), pour y discuter de l’offre de trains et de la réduction du temps de trajet entre la métropole et Bruxelles. Un enjeu fondamental, selon Thomas Dermine (PS).
Le socialiste s’est réuni avec Jean-Luc Crucke mais aussi la patronne de la SNCB, Sophie Dutordoir, et le patron d’Infrabel, Benoît Gilson. Ensemble, ils sont venus conclure un travail technique de plusieurs mois pour améliorer la mobilité ferroviaire entre Charleroi et Bruxelles. Le bourgmestre de Charleroi y voit un levier essentiel pour le redéploiement économique de sa ville.
“Je dois souligner la bonne volonté du ministre“, commence d’emblée le socialiste, qui nous dévoile en détail le plan d’attaque pour les prochaines années. Il est question de court, moyen et long terme.
Jusqu’à deux trains supplémentaires en heures de pointe
Le premier jalon est quasi immédiat. Le prochain plan de transport 2026-2029 prévoit “un ou deux trains supplémentaires au pic du matin et du soir”, annonce Thomas Dermine. Objectif : “Charleroi–Bruxelles en 46 minutes”, soit environ 9 à 10 minutes gagnées par trajet. “Pour tous les navetteurs, c’est 20 minutes par jour. C’est non négligeable”, se réjouit le bourgmestre de Charleroi.
Il est question ici d’une simple optimisation des sillons et de la signalisation. « Être à 45 minutes plutôt qu’à une heure, dès 2026, c’est déjà un signal fort que je peux envoyer », résume le socialiste.
Un trajet de 35 minutes
Deuxième étage, au lancement opérationnel du RER, en 2034 : des trains directs Charleroi–Bruxelles en 35 minutes. « La perspective redevient concrète. La SNCB et Infrabel confirment que techniquement, c’est possible, y compris avec le nœud de Linkebeek », détaille Dermine.
Pour rappel, Infrabel et Linkebeek ont trouvé un compromis pour enterrer le recours de la commune flamande. Le RER pourra y passer, mais la mise à 4 voies est suspendue provisoirement. Thomas Dermine craignait que cela pénalise les Carolos, mais il a visiblement été rassuré par Benoît Gilson.
Le bourgmestre aime à le rappeler : “Il faut aujourd’hui 55 minutes pour rejoindre Bruxelles, comme en 1920 avec les locomotives à vapeur”. Pourtant, à distance comparable, Gand–Bruxelles se fait déjà en 27-28 minutes aux heures de pointe. “Pourquoi 55 minutes chez nous ?” questionne Dermine, qui a fédéré les 30 communes de Charleroi Métropole autour de la demande.
Un RER jusqu’à Charleroi ?
Le troisième horizon est à beaucoup plus longue échéance : une mise à quatre voies entre Nivelles et Charleroi. Ce qui reviendrait de facto à étendre le RER jusqu’au cœur de la métropole. « On parle de 2050, mais le ministre va lancer des études de faisabilité dès maintenant », précise Thomas Dermine.
Le socialiste soulève des pistes de financements qui touchent directement à l’actualité. Pourquoi ne pas utiliser la manne financière liée à la défense ? Après tout, dans l’accord de l’OTAN qui vise à allouer 5% du PIB aux dépenses militaires, 1,5% concerne les infrastructures. Pour Dermine, “il faudrait explorer des financements “dual use” à la manière de l’Italie ou de la France, quand l’infrastructure participe aussi à des corridors militaires”. Tel un axe Anvers-Charleroi qui relierait la “caserne du futur à Charleroi” aux infrastructures anversoises, par exemple, et au-delà. “Meloni a bien pu inscrire le coût du pont entre l’Italie et la Sicile comme une dépense d’infrastructure militaire”, explique le Carolo.
Levier économique
Mais pourquoi cette bataille pour quelques minutes de temps de trajet ? « Pour moi, c’est le plus gros levier de développement économique de Charleroi », tranche Dermine. Se rapprocher de Bruxelles change la donne : « Si on est perçu comme grande banlieue de Bruxelles, l’arbitrage de prix crée un effet mécanique d’attractivité. »
L’enjeu est aussi de faire venir de la main-d’œuvre qualifiée dans les entreprises pointues qui résident dans la métropole. “On a des boîtes intensives en capital humain, dans l’aérospatial, la biotech, etc. Elles ont besoin de main-d’œuvre hyper qualifiée, y compris internationale. À l’échelle européenne, travailler à 30 minutes de Bruxelles, c’est travailler à Bruxelles”, se réjouit Thomas Dermine.
Bien sûr, on est sur un horizon de temps très lointain, mais on comprend pourquoi le bourgmestre pousse : “C’est de l’investissement qui ne coûte rien aux communes. En termes d’efficacité budgétaire et de développement territorial, cette manne financière fédérale est hyper importante.”