Aviation: “Les carburants alternatifs ne sont pas durables”

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Une série de compagnies aériennes, dont Ryanair et Brussels Airlines, sont visées par une plainte de 22 organisations de consommateurs européennes pour greenwashing. Elles réclament l’ouverture d’une enquête par la Commission européenne. Testachats fait partie des plaignants.

1. En quoi les suppléments demandés aux consommateurs pour compenser les émissions des vols de certaines compagnies, qui devraient être remboursés selon vous, seraient du greenwashing?

L’hypothèse sous-jacente est que les crédits de compensation sont équivalents aux dommages climatiques associés aux émissions de CO2 des voyages aériens. C’est à l’annonceur de prouver que c’est effectivement le cas (les montants perçus servent à des programme qui captent le CO2: plantations d’arbres, installations de biogaz, etc., Ndlr). Mais ces allégations ne résistent pas à un examen scientifique. Il n’est pas possible de prouver qu’un crédit carbone peut neutraliser de manière fiable une tonne de CO2 émise. Il y a toujours un décalage entre le moment de l’émission de CO2 et la capture éventuelle de CO2, de sorte qu’un produit n’est jamais “carbon neutral”, il n’y a pas de garantie de permanence du projet: une plantation d’arbres peut souffrir (feu, maladie, etc.) et il n’y a pas de contrôles.

2. Vous remettez même en cause les carburants durables (SAF), qui sont présentés comme la solution la plus rapide à mettre en place, en comparaison avec l’hydrogène ou la motorisation électrique…

Les affirmations selon lesquelles l’utilisation de carburants d’aviation alternatifs est “durable” sont incorrectes sur le plan des faits, donc trompeuses. Ces carburants ne sont pas encore prêts à être commercialisés à large échelle et ne seront pas largement disponibles avant la fin de la prochaine décennie au moins. En avril 2023, l’Union européenne a adopté les règles “ReFuel Aviation” prévoyant l’utilisation de SAF dans ses aéroports. Cette législation prévoit une part minimale d’à peine 2% de carburants verts en 2025, 6% en 2030, 20% en 2035. Selon les nouvelles règles, les SAF ne dépasseront 50% qu’entre 2045 et 2050. Il est donc trompeur de suggérer aux consommateurs qu’en payant un supplément, ils contribuent à l’intégration des SAF. Deuxièmement, les carburants alternatifs pour l’aviation ne sont pas durables. Lorsqu’ils brûlent, ils génèrent du CO2 et d’autres substances (la réduction d’émissions est surtout produite par la captation du CO2 dans le processus de production, Ndlr). Si les émissions de CO2 des carburants alternatifs sont inférieures à celles des combustibles fossiles lorsqu’elles sont calculées sur la base du cycle de vie, elles ne sont pas nulles. Le CEO de la compagnie Wizz Air a qualifié lui-même les carburants alternatifs de greenwashing.

3. Dans la liste des compagnies figure une seule belge, Brussels Airlines. Pas TUI fly…

A notre connaissance, TUI fly ne propose pas de neutraliser ou compenser les émissions de CO2 ou de payer un supplément pour l’utilisation de SAF.

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