Mea culpa et profil bas

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Sale temps pour Mark Zuckerberg. Placé sous le feu des scandales à répétition, le patron de Facebook a dû affronter physiquement, ces dernières heures, les critiques acerbes des parlementaires du Congrès américain.

Le plus célèbre des réseaux sociaux est dans la tourmente depuis quelques années déjà. Accusé d’avoir notamment facilité la propagation des fake news sur sa plateforme, Facebook est aujourd’hui empêtré dans le bourbier de l’affaire Cambridge Analytica qui a valu à Mark Zuckerberg cette audition inédite à Washington. En cause : une manipulation politique des données détenues par le géant américain et qui aurait pu, entre autres, favoriser la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle de 2016.

Avec ce scandale d’une ampleur spectaculaire, ce ne sont pas moins de 87 millions d’utilisateurs (dont environ 61.000 Belges) qui ont été touchés par une exploitation frauduleuse de leurs données. Cette société britannique a en effet réussi à accéder à quelques milliers de profils facebookiens en 2014 grâce au téléchargement d’une application ludique de tests psychologiques et surtout à siphonner les données de leurs amis ” en cascade “, s’emparant ainsi d’un trésor de big data réutilisé à des fins publicitaires et politiques.

Un certain amateurisme

Même si la faille du système était prévisible, c’est aujourd’hui la naïveté, voire l’amateurisme, de Facebook et de son patron qui est clouée au pilori. Certes, Mark Zuckerberg s’est confondu plusieurs fois en excuses – notamment à coups de pages de publicité achetées dans la presse écrite – mais le traumatisme est tel que le réseau social aux 2 milliards d’abonnés est désormais dans la ligne de mire des représentants du peuple, des gardiens de l’éthique et de certaines grandes sociétés qui ont choisi l’option #DeleteFacebook.

La crise est d’autant plus profonde que l’affaire Cambridge Analytica est loin d’être un exemple isolé dans le scandale des données subtilisées et exploitées à des fins commerciales. Dimanche dernier, Facebook a ainsi suspendu le compte de CubeYou, une autre société qui a obtenu les données personnelles de dizaines de millions d’internautes via de prétendus tests de personnalité. Juste avant cela, le réseau social avait également bloqué la page de AggregateIQ, une entreprise canadienne accusée d’avoir oeuvré pour les partisans du Brexit en 2016.

Grâce aux informations collectées comme l’âge, le sexe, les études, la profession, les centres d’intérêt, mais surtout les statuts ” likés “, les commentaires exprimés et les marques suivies sur le réseau social, ces structures spécialisées dans le commerce de données personnelles ont pu ensuite créer du contenu précisément adapté au profil des consommateurs et des électeurs visés. Une pratique vieille comme le marketing, serait-on tenté d’écrire, mais qui s’est faite au nez et à la barbe d’un Marc Zuckerberg visiblement dépassé par les événements, et qui devra rapidement corriger le tir et faire preuve d’une totale transparence pour regagner en crédibilité.

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