Manager de l’Année 2017 – Portrait 6/10: Pour Jean-Pierre Lutgen et Ice-Watch, c’est l’heure de vérité

Jean-Pierre Lutgen. © Christophe Ketels/Belgaimage
Frederic Brebant Journaliste Trends-Tendances  

Née dans un bureau à Bastogne il y a 10 ans à peine, Ice-Watch est devenue aujourd’hui une marque de montres mondialement connue. A la tête de cette belle “success story”, Jean-Pierre Lutgen, 52 ans, veut poursuivre ses rêves d’expansion. Sera-t-il élu Manager de l’Année ? Vous pouvez voter ici à partir du 20 novembre.

Retrouvez chaque jour sur le site de Trends-Tendances le portrait d’un des 10 nominés au titre de Manager de l’Année 2017

Sur la place principale de Bastogne, deux curiosités attirent désormais les touristes de passage : le célèbre tank Sherman, vestige rénové de la Bataille des Ardennes en 1944, et, juste en face, les vitrines colorées de la société Ice-Watch, cette marque de montres belge qui a accompli, à sa façon, le rêve américain. Son CEO Jean-Pierre Lutgen aime en effet rappeler qu’il est ” parti de rien ” et que très peu de gens croyaient en la réussite pérenne de son pari fou lancé en 2007 : commercialiser une nouvelle marque de montres en plastique sur le marché hautement concurrentiel de l’horlogerie ludique.

Avec son concept haut en couleur axé sur la mode et l’accessibilité, Ice-Watch s’est rapidement muée en ” une marque internationale, intergénérationnelle et interculturelle “, dixit son CEO, affichant au compteur plus de 20 millions de montres vendues en tout juste 10 ans. ” Bien sûr, rien n’est jamais acquis et nous devons écrire aujourd’hui le deuxième chapitre de l’histoire, enchaîne Jean-Pierre Lutgen, mais nous avons au moins démontré que, même à Bastogne, tout le monde peut réussir “.

Cette réussite spectaculaire s’affiche notamment à travers une soixantaine d’oeuvres d’art que l’on peut découvrir en vitrine et dans les bureaux de l’entreprise. Jan Fabre, Peter Halley, Marc Lagrange, Arne Quinze… Jean-Pierre Lutgen est un grand amateur de photographie et d’art contemporain, et plusieurs signatures renommées animent, dans un festival de couleurs et parfois d’abstraction, des locaux lumineux où s’exposent également les dernières montres Ice-Watch.

Un bon manager doit faire rêver. Il doit donner aux autres l’envie d’entreprendre.

Dessinées à Bastogne, assemblées à Hong Kong, les créations de la marque wallonne éclosent désormais au rythme d’une dizaine de collections par an dans des styles et des matériaux qui se sont progressivement éloignés du plastique ” flashy ” des débuts, évolution de la mode oblige.

Enviable, le succès d’Ice-Watch ne s’est toujours pas démenti, même si Jean-Pierre Lutgen en a surpris plus d’un en laissant sous-entendre, il y a quelques mois à peine, qu’il pourrait revendre sa société. ” Ce n’est absolument plus une option, rassure le CEO. Suite à des ennuis de santé répétés, je suis passé par un questionnement important et j’ai effectivement songé, un moment, à passer la main. Mais aujourd’hui, tout va bien. Je suis ‘boosté’ par les 10 ans de la marque et j’ai entamé une réflexion stratégique qui passe désormais par la recherche d’un nouveau partenaire. ”

S’appuyant sur la bonne vieille devise ” L”union fait la force “, Jean-Pierre Lutgen espère en effet s’associer prochainement à une ou plusieurs marques pour pénétrer ensemble des marchés plus difficiles comme, par exemple, les Etats-Unis. The American Dream goes on

Pourquoi le jury l’a-t-il choisi ?

Fondée en 2007, la marque Ice-Watch est une belle success story wallonne dont les montres s’exportent dans plus de 50 pays. La société emploie 45 personnes à Bastogne et 22 autres à Hong Kong, et affiche un chiffre d’affaires consolidé de 42 millions d’euros avec un résultat net de 4,4 millions en 2016.

Le fait marquant de 2017

Ce sont les 10 ans d’Ice-Watch que Jean-Pierre Lutgen a fêté en grande pompe, il y a quelques semaines, avec un dîner-spectacle pour 400 invités. “Le succès est total quand il est partagé, scande le CEO. Cet anniversaire a permis de clouer le bec à tous ceux qui pensaient que la marque ne serait qu’un épiphénomène marketing qui allait seulement durer deux ans.”

La réalisation dont il est le plus fier

“Je n’ai pas fait d’études de commerce et mes parents ne sont pas horlogers, raconte Jean-Pierre Lutgen. Je suis parti de rien, à Bastogne, avec une feuille blanche, pour faire finalement d’Ice-Watch une marque mondialement connue. Avec mon équipe, nous avons fait la démonstration que, malgré de nombreux handicaps, on peut encore réussir dans un marché sursaturé.”

Le défi qui l’attend en 2018

“Il est triple, répond Jean-Pierre Lutgen. D’abord, nous voulons ‘réinternaliser’ une partie du business, notamment au niveau de la distribution. Ensuite, nous allons repartir à la conquête de certains marchés comme les Etats-Unis et l’Asie qui sont encore faibles pour l’instant. Enfin, nous souhaitons davantage occuper le terrain digital et réinvestir dans les réseaux sociaux.”

Un bon Manager de l’Année, selon lui

“J’aime beaucoup cette phrase de Louis Pasteur qui dit que le hasard ne favorise que les esprits préparés, confie le CEO d’Ice-Watch. Un bon manager, c’est quelqu’un qui doit s’ouvrir aux opportunités et qui doit aussi donner aux autres l’envie d’entreprendre. Le Manager de l’Année doit faire rêver. Il doit être un bon ambassadeur de l’entrepreneuriat.”

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