L’héritage du silence

Après avoir été révélée par “Les Chatouilles” au théâtre puis au cinéma, l’actrice et danseuse Andréa Bescond nous livre un premier roman sur des secrets de famille.

La famille. La violence. Le silence. Dans Les Chatouilles, Andréa Bescond disait la difficulté de devenir adulte après que son enfance lui a été volée, violée, par un ami d’une famille qui a mis un couvercle sur le drame. Dans Une simple histoire de famille, elle décline ces thématiques sur trois générations. Son récit commence en 1933, en Bretagne. A 30 ans, Louisette est enceinte. Elle va faire ce bébé toute seule et quitte la maison des parents pour se réfugier chez sa soeur aînée qui vit avec un homme construit sur un modèle patriarcal autoritaire et violent. Tout est en place pour que le drame commence. Et avec lui, sa litanie de mensonges et de secrets qui marqueront l’existence des suivants. D’Hervé qui, en 2016, apprend par la bouche de sa mère mourante que ceux qu’il considérait comme ses parents ne le sont pas. De Lio, la fille d’Hervé, qui, pour ses 20 ans, reçoit un DVD que sa mère a enregistré avant de mourir. Nouveau mensonge, par omission celui-là. En lui racontant son histoire, la mère de Lio réveillera une envie de vengeance et de meurtre. Une simple histoire de famille est un titre ironique. Rien n’y est jamais simple. Surtout lorsque la violence et le silence sont transmissibles d’une génération à l’autre. A travers cette histoire inspirée de celle de son arrière-grand-mère, Andréa Bescond en profite pour aborder les thèmes qui lui sont chers. L’évolution du statut des femmes. L’impunité des crimes sexuels du passé. La colère des victimes. La sexualité des jeunes hommes qui ont fait leur éducation en matant des pornos. Elle creuse aussi cette lancinante question: comment choisit-on de se construire quand les fondations sont fragiles, voire inexistantes et quel courage faut-il pour revenir aux sour-ces d’un chagrin ou d’un trauma passé?