Les imbéciles, les crypto-actifs et la fin programmée de notre liberté

Amid Faljaoui, directeur de de trends-tendances © AMID FALJAOUI, DIRECTEUR DE TRENDS-TENDANCES

Difficile de ne pas évoquer ici la faillite de FTX. Derrière ce sigle de trois lettres, c’est l’une des plus importantes plateformes d’échange de cryptomonnaies qui a explosé en plein vol. Cette annonce a provoqué une onde de choc incroyable sur le petit monde des crypto-actifs. J’utilise le terme “crypto-actifs” et pas “cryptomonnaies” à dessein car le bitcoin et ses petits frères ne sont pas des monnaies mais des actifs spéculatifs, un point c’est tout. Voici donc une plateforme, valorisée il y a quelques semaines encore à 32 milliards de dollars, qui n’est plus aujourd’hui qu’une coquille vide ou presque, du moins si l’on exclut la technologique qu’elle renferme. Le bitcoin, qui plafonnait déjà autour de 20.000 dollars depuis plusieurs mois, a bien entendu plongé à sa suite.

A part quelques lettres d’information spécialisées, personne ne parle de cet euro numérique et de ce qu’il pourrait signifier si les caisses de nos Etats étaient vides.

Dégainant leur clavier plus vite que leur ombre, certains commentateurs ont parlé d’une faillite comparable à celle de la banque américaine Lehman Brothers en 2008. Ici, grâce au ciel, ce n’est pas pareil. Dans le cas de Lehman Brothers, la faillite était liée à des prêts hypothécaires. En revanche, pour FTX, il n’y a aucun lien direct avec l’économie réelle. Les plus pessimistes diront que même une banque aussi prestigieuse que Goldman Sachs s’est investie dans les crypto- actifs. Ils auront raison… mais cet investissement ne représente qu’une petite partie de ses activités et ça ne changera rien au pied de bilan. Même pas une cicatrice!

Par contre, la chute de FTX va ébranler la confiance des particuliers. J’ai lu ici et là qu’elle menace les avoirs de 100.000 investisseurs. Cela m’a fait penser à une phrase de John K. Galbraith, un célèbre économiste assez corrosif: “les imbéciles sont tôt ou tard séparés de leur argent”.

En réalité, le danger n’est pas du côté des crypto-actifs mais réside dans ce que préparent en catimini nos gouvernements. Que ce soit aux Etats-Unis, en Europe, en Chine et même en Russie, les économistes des banques centrales de ces pays, suivis en cela par leurs gouvernements, ne rêvent que d’une seule chose: faire en sorte que nos monnaies, celles que vous avez encore en poche, disparaissent et soient remplacées par des monnaies virtuelles.

Bien sûr, on n’y est pas encore. Mais on s’y dirige lentement et sûrement. A part quelques lettres d’information spécialisées, personne ne parle de cet euro numérique et de ce qu’il pourrait signifier si les caisses de nos Etats étaient vides. Pourtant, comme l’écrit Philippe Béchade, commentateur boursier avisé, si le cash devait disparaître, ce serait “la fin de nos libertés”. Certes, une monnaie numérique permet de lutter contre le crime organisé. Mais c’est aussi la porte ouverte à d’éventuels excès. Philippe Béchade cite quelques exemples: l’Etat serait en mesure de limiter nos pleins d’essence à deux par mois, ou de nous empêcher de prendre l’avion plus d’une fois par an… Ou l’Etat pourrait appliquer un taux négatif sur notre compte bancaire en cas de difficultés budgétaires.

Aujourd’hui, cet Etat est en effet bloqué avec le taux d’intérêt à 0% car, en dessous, les citoyens retireraient leur argent de la banque pour ne pas payer de pénalité. En revanche, si le cash disparaissait, qu’est-ce qui empêcherait l’Etat d’appliquer un taux d’intérêt négatif sur nos comptes? Rien, puisque nous ne pourrions plus retirer d’argent physique! Bon, je le reconnais bien volontiers, ce “point final” fait un peu science-fiction, mais il est bon d’être alerté.

Après tout, qui aurait imaginé qu’un comité d’experts allait nous dire combien de personnes pouvaient venir dîner chez nous? Donc, comme dirait notre ami Jean-Claude Van Damme, “soyons aware“…

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