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Le ventre de Carme Chacón face à l’armée espagnole

Un ministre de la Défense qui inspecte ses troupes, rien de plus normal… Sauf quand ce ministre est enceinte !

Un ministre de la Défense qui inspecte ses troupes, rien de plus normal, direz-vous. Sauf quand ce ministre est une femme et qu’elle passe en revue les troupes alors qu’elle est enceinte… C’est en tout cas l’image qui a frappé nombre d’Espagnols – et cette image forte n’est finalement que la conséquence de la décision prise par José Luis Zapatero, Premier ministre ibère, de nommer neuf femmes dans son nouveau gouvernement, contre seulement huit ministres de sexe masculin. C’est donc une première et tout le monde s’en félicite.

Comme toujours, cependant, lorsqu’on prend une bonne direction, il y a toujours une bonne âme pour demander qu’on aille encore plus loin. Dans le cas de l’Espagne, le prochain combat pour la parité est facile à délimiter. Les femmes sont en effet sous-représentées dans les conseils d’administration des grandes sociétés locales, à peine 4 % (contre une moyenne de 11 % pour l’Union européenne). N’en déduisez pas que les patrons espagnols sont plus machos que leurs confrères européens. Il semblerait que ce quota plus faible découle de deux constats, l’un historique et l’autre quasi… culinaire, si je puis dire.

Au plan historique, les chiffres le montrent : les Espagnoles sont entrées plus tard sur le marché de l’emploi que les citoyennes d’autres pays européens. Cela explique qu’elles soient aussi moins nombreuses au top des sociétés. Et puis, l’habitude prise en Espagne de déjeuner tardivement et longtemps implique que beaucoup de femmes ne peuvent se permettre de rentrer chez elle vers 21 h ou 22 h. Ce n’est pas moi qui le dit mais une étude très sérieuse sur le sujet, relayée par le magazine The Economist.

Là encore, faisant fi de ces particularités, le gouvernement Zapatero n’a fait ni une ni deux : par le biais d’une loi, il impose désormais aux sociétés espagnoles d’avoir 40 % de femmes parmi leurs administrateurs. La Norvège avait déjà imposé le même quota, à ceci près que, si l’entreprise ne respecte pas ce quota, elle devra s’acquitter d’une amende. L’Espagne n’a pas été aussi loin. En revanche, le gouvernement y a indiqué qu’en cas d’attribution d’un contrat public à une société, le respect de ce quota de femmes au sein du conseil d’administration entrera en compte. C’est donc un incitant à bouger.

Une autre étude universitaire, qui concerne cette fois l’Allemagne, démontre que les grandes sociétés germaniques ont tort de nommer presque systématiquement un banquier dans leur conseil d’administration. L’étude en question démontre noir sur blanc que ces administrateurs banquiers ont tendance à prêter plus d’argent aux entreprises concurrentes.

C’est normal : comme ils sont présents au conseil d’administration, ils connaissent la « popote interne » du secteur et ont donc moins peur de prêter à des concurrents actifs sur le même marché que la société qui a donc commis l’erreur de les nommer administrateur. Mon conseil du jour sera donc simple : remplacez votre banquier par une femme dans votre conseil d’administration !

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