Le silence des organes et la honte des Etats autoritaires

Amid Faljaoui, directeur de de trends-tendances © AMID FALJAOUI, DIRECTEUR DE TRENDS-TENDANCES

Pour cette première chronique de l’année 2023, je voulais vous souhaiter mes bons voeux et vous remercier de votre fidélité à notre magazine. A propos de bons voeux, le meilleur du genre m’a été donné par un ami médecin parisien qui me répète chaque fin d’année que “le bonheur, c’est le silence des organes”. Je vous souhaite donc une année 2023 très silencieuse.

Les Chinois, qui fêteront leur Nouvel An le 22 janvier, vont-ils penser à ce médecin? Car pendant les trois dernières années, après avoir refusé d’accepter des vaccins occidentaux nettement plus efficaces que les leurs, les autorités chinoises n’ont rien trouvé de mieux que de boucler leur population à chaque fois qu’un cas de covid se manifestait ici ou là. Sauf que là-bas, quand on boucle, on boucle vraiment! Des villes entières, parfois équivalentes à deux ou trois fois la population de la Belgique… D’ailleurs, l’extrême brutalité des confinements a dégoûté pas mal de cadres expatriés qui s’en sont allés.

Regardez ces pays où l’on décide vite car le pouvoir est concentré dans les mains d’un seul homme ou de sa clique: les décisions prises sont catastrophiques car il n’y a pas de contre-pouvoir.

Aujourd’hui, l’aberration du parti communiste chinois est à son comble. Le gouvernement vient de passer d’une politique du zéro covid au “tout covid”, ou presque: la plupart des restrictions ont été levées. C’est ce qu’on appelle un virage radical et mortel. Mortel parce que la plupart des prévisions estiment qu’il y aura de ce fait très rapidement entre 1 et 2 millions de morts.

C’est là la différence avec nos démocraties occidentales: la levée des restrictions ne s’est pas faite en parallèle avec la vaccination ou une amélioration drastique des capacités d’hospitalisation. Le gouvernement chinois a juste retourné sa veste sans l’avouer publiquement. Primo, parce que sa population n’en pouvait plus de toutes ces restrictions et qu’elle l’a exprimé dans la rue. Secundo, l’économie patine: la croissance pour 2022 flirtera avec la barre des 3% et c’est le plus faible taux de l’histoire de ce pays. C’est bien simple, il faut remonter à Mao pour trouver un taux de croissance aussi anémique.

Nous autres Européens sommes concernés à double titre par ce qui se passe là-bas. D’abord parce qu’il est illusoire de croire que le ou les variants chinois ne vont pas voyager et resteront sagement à l’intérieur de leurs frontières. Ensuite, parce qu’avec le Nouvel An prévu le 22 janvier, les Chinois vont voyager pour faire la fête en famille. Bonjour la contagion!

Au-delà des morts à déplorer, il y aura aussi de l’absentéisme. Beaucoup d’absentéisme. Car ceux qui ne voyageront pas auront peur et se cloîteront chez eux. Autant dire que les risques de ruptures d’approvisionnement seront de retour.

Alors que certaines belles âmes ont crié à la dictature en raison des mesures sanitaires en Chine, tandis que d’autres criaient au génie parce que ce pays avait soi-disant mieux géré la pandémie que les Occidentaux, on voit aujourd’hui que nos démocraties jugées faibles sont en réalité très fortes. Au demeurant, tous les régimes forts, autocrates – Russie, Iran, Brésil, Turquie, Chine… – sont aujourd’hui en grosse difficulté.

Certes, nos compromis politiques peuvent énerver: cela prend du temps. Mais regardez ces pays où l’on décide vite car le pouvoir est concentré dans les mains d’un seul homme ou de sa clique: les décisions prises sont catastrophiques car il n’y a pas de contre-pouvoir. Oui, nos démocraties ne sont pas parfaites – l’actualité nous le répète chaque jour – mais elles protègent et respectent infiniment mieux les citoyens. Le cliché des Etats autoritaires plus efficaces, c’est du pipeau. Et ça, c’est la première bonne nouvelle de 2023!

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content