Le Roman de Tyll Ulespiègle

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De son écriture alerte, imagée et fluide, Daniel Kehlmann, auteur notamment des Arpenteurs du monde qui romançait les aventures du naturaliste Alexander von Humboldt, n’est jamais aussi bon que lorsque s’il s’adosse à l’Histoire. D’autant que celle qui est contée ici se double d’une légende. Prenant pour objet ou plutôt pour prétexte les aventures de Tyll Ulespiègle, il en donne la version allemande, plus ancienne que celle de Charles De Coster : Kehlmann la situe en pleine Guerre de Trente Ans, atroce conflit religieux entre catholiques et protestants qui ravagea le Saint-Empire romain germanique et même au-delà. Accompagné de Nele, Tyll use de sa franchise et son bon sens de bouffon pour faire réfléchir les puissants qu’il croise, dont l’éphémère et falot roi de Bohême et son épouse, en les renvoyant à leurs contradictions et leurs vraies natures. Un fou qui prend souvent la tangente plutôt que la diagonale, au travers de ce roman à la fois elliptique, picaresque, choral, dont le saltimbanque n’est pas narrateur mais contradicteur jamais futile. Ainsi fut Tyll…

Daniel Kehlmann, Le Roman de Tyll Ulespiègle, éditions Actes Sud, 416 pages, 23 euros.

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