Le franc suisse, éternelle valeur refuge

Nous vivons une période tumultueuse. Les tensions sont vives entre les États-Unis et la Corée du Nord. Les attentats de Barcelone et Cambrils rappellent que les terroristes de l’État islamique n’ont toujours pas l’intention de renoncer à leur folie meurtrière. Le président Trump et la politique qu’il mène suscitent de grandes incertitudes sur les plans politique, économique et financier. Et comment le Brexit va-t-il se dérouler ? Dans un tel climat, il ne faut pas s’étonner que les investisseurs recherchent des valeurs refuge. Le franc suisse (CHF) et le yen japonais (JPY) paraissent des choix évidents. Mais il n’est pas aisé d’acquérir des obligations en yen dans nos contrées. Nous nous sommes dès lors intéressés à la première monnaie.

Plafond officieux

De fin 2011 à janvier 2015, la Banque nationale suisse (BNS) a tenté (avec succès) d’éviter une appréciation excessive du franc suisse par rapport à l’euro. Un plafond officieux a été fixé à 1,20 franc pour un euro afin de préserver la compétitivité des entreprises exportatrices suisses sur le marché européen et de ne pas inquiéter les touristes par des hausses de prix trop importantes. La BNS a abandonné cette politique début 2015. Ce seuil de 1,20 franc commençait à lui coûter très cher. Les Suisses devaient sans cesse racheter des francs contre des euros. Le cours de change a immédiatement bondi en direction de la parité (un euro = un franc suisse). Il a même progressé de 38 % en une seule séance, passant de 1,20 à 0,90 franc pour un euro.

Taux négatif

La libération du cours de change s’est accompagnée d’un abaissement des taux, lesquels étaient déjà négatifs. Sur un dépôt d’épargne, il faut désormais ajouter 1,75 % au lieu de 0,75 % à partir d’un montant donné. Le taux sur les crédits à trois mois (LIBOR) a baissé à -1,25 %. Ces mesures ne sont pas restées sans effet. Elles ont entraîné une baisse spectaculaire des cours des actions sur la Bourse suisse. Les investisseurs avaient compris qu’un franc plus cher était néfaste pour la compétitivité des entreprises suisses. Mais selon la BNS, la position des entreprises reste solide parce qu’elles ont eu plusieurs années pour se préparer à cette nouvelle réalité.

Dans l’intervalle, les obligations suisses ont gagné beaucoup en popularité chez les émetteurs.

Légère survalorisation

Cette année, le cours du franc suisse a fluctué entre 1,02 et 1,10 franc pour un euro. Mais la valeur du franc est à nouveau en nette hausse depuis juillet. Le 4 août dernier, le franc suisse a atteint un sommet (provisoire) de 1,15 franc pour un euro. Mario Draghi a tenté de soutenir l’euro en rappelant la bonne santé de l’économie de la zone euro et les perspectives favorables en matière d’inflation. Le marché s’attend à un démantèlement progressif du programme de stimuli monétaires dans un futur proche. L’euro en profite et, hormis quelques soubresauts, s’inscrit globalement en hausse, même si son ampleur reste limitée. Aujourd’hui, un euro vaut 1,14 franc suisse. Nous estimons que le franc suisse est légèrement surévalué par rapport à la monnaie unique.

Avantages et inconvénients

Le différentiel de taux négatif est bien entendu un handicap important pour le franc. D’autant qu’il ne faut pas attendre de spread positif, surtout à court terme. Le franc cher pèse sur les exportations vers l’Europe, un partenaire commercial important de la Suisse. Aujourd’hui, le franc suisse s’échange à un cours supérieur d’environ 15 % à la moyenne à 10 ans. Ce sont des facteurs négatifs évidents.

Mais on recense également plusieurs avantages non négligeables. Les fondamentaux économiques (dette publique, budget, compte courant, balance commerciale, etc.) de la Suisse sont et restent sains. Le franc suisse conserve son statut de valeur refuge en période de turbulences. Et la période que nous connaissons aujourd’hui est plus turbulente que le souhaiteraient la plupart des investisseurs. Un investissement limité dans des obligations en franc suisse reste donc recommandé pour des investisseurs qui ne s’émeuvent pas d’un (très) maigre coupon. Une devise aussi solide que l’est le franc suisse a naturellement un coût.

Concrètement

L’assureur Swiss Life Holding AG est régulièrement actif sur le marché obligataire en franc suisse. Le débiteur affiche une note acceptable, BBB+. Mais une certaine prudence s’impose. La plupart des émissions récentes de Swiss Life sont des obligations perpétuelles. Comme vous le savez, une telle obligation relève de la catégorie de risque la plus élevée selon les règles MIFID. En revanche, une ” perpétuelle ” verse normalement un coupon très intéressant. Mais Swiss Life a également des obligations avec échéance. Les obligations assorties du code ISIN CH0212184078, par exemple, arrivent à expiration en juin 2023. Avec un coupon de 1,75 % et un cours actuel de 110,1, le rendement s’établit aujourd’hui à 0,22 %.

Quand la qualité du débiteur est moins stable, le rendement des obligations émises est plus élevé. Gaz Capital SA est notée BB+. Son obligation qui vient à échéance le 19/07/2022 propose un coupon de 2,25 % et se négocie à 101 %. Soit un rendement attrayant de 2,03 %.

Il est également possible d’investir en obligations en franc suisse de manière indirecte et diversifiée par le biais de fonds obligataires comme celui d’Edmond de Rothschild Prifund Bond (CHF) (ISIN LU0145916218). Le fonds est coté à 133,62 francs suisses et offre un rendement de 0,26 %.

Le franc suisse reste une devise extrêmement solide.

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