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Le concept d’économie partagée, un slogan creux ?

Tout comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, une bonne partie d’entre nous faisons de l’économie partagée sans le savoir. L’économie partagée, c’est la nouvelle coqueluche des hommes politiques, certains d’entre eux pensent même que l’économie partagée va changer en mieux notre société, qu’elle sera plus durable et moins dépensière.

L’économie partagée, c’est simple : quand vous faites du covoiturage, c’est de l’économie partagée, quand vous faites un don des vêtements que vous ne portez plus, c’est de l’économie partagée, quand vous prêtez votre perceuse à quelqu’un d’autre via un site internet d’échanges entre particuliers, vous faites aussi de l’économie partagée et cette économie a aujourd’hui d’autant plus de succès qu’elle est accélérée grâce à Internet.

Et si les politiques s’emballent tellement pour cette économie, c’est parce qu’elle est prometteuse d’un double avantage. Le premier, c’est qu’il augmente le pouvoir d’achat du citoyen. Plutôt que d’acheter une perceuse, nous la partageons en quelque sorte. Le deuxième profit est environnemental : le fabricant plutôt que de produire deux perceuses n’en produira plus qu’une et de meilleure qualité. De ce fait, nous ponctionnons moins la nature et nous laissons une empreinte écologique plus légère, car nous produisons moins de déchets. Malheureusement, entre la théorie et la réalité, il peut y avoir un gouffre, et un rapport récent (1) semble montrer que l’économie partagée n’apporte pas nécessairement les profits escomptés. Première exemple: les dons ou échanges de vêtements sur le Net ne se substituent hélas pas à des achats de vêtements neufs, mais servent souvent de vêtements de complément ! Deuxième exemple : cité dans ce même rapport, quand l’opérateur britannique Vodafone propose de louer plutôt que d’acheter un appareil téléphonique, tout le monde applaudit, oui sauf, que ce même opérateur téléphonique couple cette location avec la possibilité d’une offre d’achat annuelle d’un nouveau modèle, soit un achat avec un rythme de renouvèlement deux fois plus rapide que la moyenne. Et là, plus personne n’applaudit. Idem, pour le covoiturage : bonne idée, mais jusqu’où peut-on aller ? Ne risque-t-on pas de tuer indirectement les transports collectifs ? Et puis, plus globalement, le pouvoir d’achat que le citoyen gagne grâce à l’économie partagée, ne risque-t-il pas de le dépenser dans des biens ou services fort peu durables ? Voilà autant de questions dont les pouvoirs publics devront tenir compte pour éviter que le concept d’économie partagée ne ressemble à un slogan creux.

(1) Iddri : institut du développement durable et des relations internationales

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