“Le but du Musée Hergé n’est pas d’être rentable”

© PG

Inauguré il y a tout juste cinq ans, le Musée Hergé inspire le respect mais ne draine pas les foules. L’occasion de faire le point avec Nick Rodwell, gardien du temple hergéen, sur cette aventure singulière, le business de Tintin, le prochain film à Hollywood, ses rapports avec Casterman et ce fameux album prévu en 2053…

L’homme se méfie des journalistes et distille ses interviews au compte-gouttes. En exclusivité pour Trends-Tendances, Nick Rodwell a toutefois accepté de parler de son empreinte économique sur l’univers de Tintin. Mari de Fanny Vlaminck, la seconde épouse d’Hergé, le CEO de Moulinsart SA veille en effet scrupuleusement sur l’exploitation des droits dérivés de l’oeuvre du dessinateur. Au point de susciter souvent l’ire des tintinophiles convaincus qui ne supportent pas certains de ses choix. Mais Nick Rodwell s’en moque, porté par une vision audacieuse et un business qui ne faiblit pas.

TRENDS-TENDANCES. Cinq ans après l’inauguration du Musée Hergé, quel bilan tirez-vous de cette aventure ?

NICK RODWELL. Il m’est impossible d’imaginer que cela fait déjà cinq ans ! C’est inouï. J’estime que tout est nickel et que c’est bien entretenu. Il n’y a aucun problème du point de vue architectural. C’est étonnant.

Mais êtes-vous déçu par le nombre de visiteurs ?

Tous les visiteurs sont convaincus par la qualité du musée. Les gens avec qui on développe des partenariats sont également convaincus. Ils voient qu’on est sérieux et qu’on est là pour le long terme. Cela n’a pas été construit avec des Lego ! Le musée est notre meilleure carte de visite.

Vous restez sur l’aspect qualitatif. Mais combien de visiteurs le musée accueille-t-il par an ?

J’adore cette question ! Posez-moi la question : combien d’albums de Tintin sont vendus chaque année ?

Je vous la poserai plus tard. Donc je me permets d’insister…

Non, non ! Posez-moi la question sur les albums !

Bon, si vous voulez… Combien d’albums de Tintin sont vendus chaque année ?

Personne ne va vous donner le bon chiffre ! C’est impossible ! Casterman raconte n’importe quoi et nous racontons n’importe quoi. Pourquoi ? Parce que les chiffres mélangent les coffrets et les albums à l’unité ! Et puis, nous avons aussi développé un partenariat avec Atlas qui représente plus d’un million d’albums vendus dans une collection à 30 euros. C’est phénoménal ! Mais Casterman n’inclut pas ça dans ses chiffres. Bref, on ne s’y retrouve plus…

Mais quel est le rapport avec le musée ? !

Je vais vous répondre dans le même sens. Quand vous me demandez quel est le nombre de visiteurs, faut-il inclure les gens qui sont invités ? Faut-il inclure les personnes qui viennent au musée dans le cadre d’un événement qui y est organisé par une société privée ? Ils visitent le musée ou pas ? Je les ajoute au nombre de visiteurs ou pas ?

Vous jouez sur les mots ! Dites-moi, sérieusement…

Je vous donne le chiffre de 80.000 personnes, c’est plus simple.

C’est en dessous de vos objectifs initiaux qui étaient de 200.000 visiteurs espérés…

Oui, mais en choisissant Louvain-la-Neuve, on ne peut pas toucher le même nombre de visiteurs qu’un musée comme Magritte à Bruxelles, c’est évident.

Frédéric Brébant

Retrouvez cette interview complète dans le magazine Trends-Tendances de cette semaine.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content