La fin des vols low cost ? Le voyageur ne change ses habitudes que si les prix augmentent de 30 à 50 %

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Les billets d’avion à très petits prix feront très bientôt partie du passé. Ce n’est pas pour autant que l’on volera moins. Il faut en effet une hausse conséquente des prix pour modifier le comportement des voyageurs.

En manque de voyages, les consommateurs sont prêts à payer plus cher leurs billets. Mais jusqu’à quel point ? Nul doute que leurs limites seront testées dans les prochaines années. Car même les prix des billets d’avion dits low cost devraient rester élevés pendant plusieurs années. C’est ce que prophétise Michael O’Leary, le patron de la compagnie aérienne irlandaise à bas coûts Ryanair. La compagnie affirme qu’elle va augmenter ses prix de 10 à 15 % cet été.

La fin du low cost ?

La hausse des prix a en réalité plusieurs facteurs. Ainsi, si les prix du pétrole ont quelque peu baissé au cours de l’année écoulée, le prix du carburant reste élevé. Or le carburant est le principal poste de dépenses des compagnies aériennes (entre 25 à 40% du coût). À cela s’ajoute que de nombreuses compagnies aériennes, principalement les low cost, ne couvrent pas leur consommation de carburant. Ce qui les rend particulièrement vulnérables aux hausses de prix provoquées par des événements exceptionnels, comme la guerre en Ukraine par exemple. Enfin, les compagnies doivent aussi faire face à une pénurie et une hausse des prix de certaines pièces ou matière première nécessaire aux avions ou à leur moteur. Soit autant de frais qui ont un impact sur le prix du billet.

Des taxes environnementales

Mais les compagnies aériennes ne sont pas les seules à faire grimper le prix du billet. À ces coûts structurels viennent s’ajouter, dans un avenir plus ou moins proche, toutes sortes de taxes environnementales.

Le cabinet de conseil néerlandais SEO Amsterdam Economics a lui calculé l’influence des taxes sur le prix des billets. Si les futures mesures européennes font encore l’objet de discussion, le bureau d’étude s’est basé sur un scénario médian. Elle prend ainsi en compte les droits d’émission européens que les compagnies aériennes doivent payer. Elle inclut également les taxes sur le kérosène alors qu’il n’est pas encore pas taxé à l’heure actuelle.

Selon leurs prévisions, en 2030, ce n’est pas moins de 22.65 euros qui viendraient s’ajouter à un billet de 150 euros pour un vol de courte distance. En 2035, ce montant passera à 31.35 euros. Pour les destinations plus lointaines (jusqu’à 3 000 kilomètres), en 2030, il faudra rajouter 45,30 euros à un billet de 300 euros. Cinq ans plus tard, ce montant passerait à 62,70 euros, avant de redescendre légèrement à 51,30 euros en 2050. L’étude de SEO note aussi que ce serait surtout les vols intra-européens qui augmenteraient le plus à cause des taxes.

L’Europe souhaite aussi imposer un taux minimum de carburants verts. Et il ne faut pas se faire d’illusion. Voler avec du carburant décarboné coûtera plus cher. De quoi même augmenter structurellement le prix, voire, à terme, quasiment doubler le prix du ticket moyen.

Une certaine acceptation de la hausse des prix

Selon Eddy Van de Voorde, économiste des transports et professeur à l’université d’Anvers interviewé par De Morgen, les hausses de à 10 ou 15 % des prix ne devraient pas changer les comportements des voyageurs. En effet on estime que quelqu’un ne change de comportement qu’à partir d’une hausse de prix de 30 à 50 %. Et c’est d’autant plus le cas que les gens s’habituent à voir tout augmenter. Il reste donc de la marge, du moins d’un point de vue pécuniaire. Après les années pandémies, nombreux sont ceux qui souhaitent repartir un peu plus loin.

S’il a un moment été question d’un phénomène de flygskam (honte de voler en suédois), il n’est pas très visible. Les réservations pour cet été ont battu des records. Et sans surprise l’avion reste très populaire. Ainsi le week-end dernier, 228 000 personnes sont parties ou arrivées à l’aéroport de Zaventem. Et ce alors que les vacances des Belges francophones ne commencent officiellement que demain.

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