Vers une poignée de main entre Trump et Khamenei ?

L’ayatollah Ali Khamenei regrette-t-il d’avoir rembarré Trump en 2017 ? (Photo by Iranian Leader's Press Office / Handout/Anadolu Agency/Getty Images) © Getty Images
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Le nouveau président américain et le guide suprême iranien se rencontreront-ils un jour ? Et ce, dès 2025 ?

Depuis 1979, la République islamique d’Iran a scandé quatre slogans forts : mort à Israël, mort à l’Amérique, exportons la révolution islamique et “couvre-toi ou souffre”, injonction faite aux femmes pour qu’elles se voilent. La détermination du régime à les mettre en œuvre a parfois fluctué, mais l’ambition d’y parvenir n’a jamais été abandonnée. Sans ces slogans, les partisans de l’ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême âgé de 85 ans, pourraient se demander ce qu’il reste de la République islamique.

L’Iran n’était pas destinée à entrer en conflit avec Trump lors du premier mandat de celui-ci en 2017. Il avait déclaré vouloir un meilleur accord que le Plan d’action global commun (PAGC) négocié par Barack Obama en 2015. Trump a cherché à imposer des restrictions aux mandataires régionaux de l’Iran, mais ce qu’il voulait avant tout, c’était organiser une séance photos avec Khamenei, comme celle avec le dirigeant nord-coréen, Kim Jong Un.

Le climat aurait pu être moins angoissant et tendu si l’ayatollah Khamenei avait flatté Trump et l’avait reçu à Téhéran. Libérée de sanctions, la monnaie iranienne aurait pu monter en flèche et l’économie aurait pu prospérer. Toutefois, alors que Khamenei est au pouvoir depuis trois fois plus longtemps que le fondateur de l’Iran, l’ayatollah Ruhollah Khomeini, il semble toujours hanté par le fantôme de ce dernier. Il a donc rétorqué que Donald Trump était “indigne d’un quelconque échange de messages”.

À peine son premier mandat présidentiel entamé, Donald Trump s’est retiré du PAGC, a mis en place un embargo pétrolier et a fait assassiner le plus haut général iranien, Qassem Suleimani. En réponse, la République islamique a accéléré son programme nucléaire au point de devenir un “État du seuil”, c’est-à-dire un pays qui dispose pratiquement de la capacité nucléaire, et a juré de se venger. Le 8 novembre, le gouvernement américain a inculpé un homme dans le cadre d’un complot présumé visant à assassiner Donald Trump avant l’élection.

Vers une double volte-face ?

Khamenei regrette-t-il sa décision ? Ses alliés et son économie sont aujourd’hui plus faibles. Depuis 2016, la valeur du rial par rapport au dollar a chuté de plus de 95%. L’ayatollah a remplacé les partisans de la ligne dure par des pragmatiques. Le guide suprême de l’Iran se montre aussi moins intransigeant sur l’application de ses quatre slogans. Le président du pays, Masoud Pezeshkian, parle aujourd’hui de cessez-le-feu et de désescalade avec Israël. Khamenei a déclaré qu’il était prêt à devenir l’ami de l’Amérique.

L’ayatollah Khamenei a remplacé les partisans de la ligne dure par des pragmatiques.

L’Iran réduit sa dépendance à l’égard de ses alliés régionaux et a assoupli l’obligation du port du voile. Mais à moins que l’Iran n’accepte d’abandonner ses alliances avec certains voisins, nombreux sont ceux qui, dans l’entourage de Trump, voudront qu’il renforce les sanctions et l’embargo pétrolier. Certains l’inciteront même à provoquer un changement de régime.

À l’aube de son second mandat, le président américain ne semble pas convaincu par ces options. L’Amérique, a-t-il déclaré récemment, doit conclure un accord avec l’Iran, car les conséquences d’une absence d’accord sont “inenvisageables”. Si l’Iran abandonne sa volonté de se doter d’armes nucléaires, a affirmé Donald Trump, “j’aimerais qu’il devienne un pays très prospère”.

Par Nick Pelham, correspondant Moyen-Orient pour “The Economist”

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