Vers un effondrement de l’ordre économique mondial ? L’alerte choc de Ray Dalio

Dans un entretien accordé à la chaîne NBC, l’investisseur Ray Dalio tire la sonnette d’alarme : le monde serait au bord d’un bouleversement économique majeur, bien plus profond qu’une simple récession. « Nous sommes à un carrefour critique », déclare le fondateur du plus grand hedge fund au monde, Bridgewater Associates. « Et si les choses sont mal gérées, ce qui nous attend pourrait être pire qu’une récession. »
Ray Dalio, très connu dans le monde de la finance et de l’investissement, est le fondateur de Bridgewater Associates, l’un des plus grands et des plus célèbres hedge funds au monde. Dalio est également reconnu pour ses prédictions économiques, notamment celle de la crise financière de 2008, qu’il avait anticipée bien avant qu’elle ne se produise. Fin 2007, il avait en effet prédit l’effondrement de Wall Street. N’ayant pas été écouté, il avait alors spéculé à contre-courant… ce qui lui avait permis de réaliser un rendement de 9,5 % pendant que les marchés s’écroulaient, rappelle De Morgen.
Aujourd’hui, c’est la stabilité même de l’ordre monétaire mondial que cet expert financier remet en question. « Une récession est définie par deux trimestres consécutifs de croissance négative. Nous avons déjà connu cela. Ce dont il s’agit ici, c’est de l’effondrement d’un système monétaire », affirme-t-il.
Lire aussi | Guerre commerciale: sur le fond, rien n’est réglé
“L’effondrement d’un système monétaire”
Selon De Morgen, les propos de Dalio font écho à d’autres signaux d’alerte. Le FMI lui-même a récemment averti, dans une note de blog, que l’instabilité des marchés financiers pouvait se répercuter sur l’ensemble de l’économie réelle. Pour l’économiste Erik Buyst (KU Leuven), interviewé par le quotidien flamand, Dalio met en lumière plusieurs signaux préoccupants. Parmi eux : l’endettement massif des États-Unis, comparable à celui de nombreux pays européens, à un moment où l’économie américaine était encore en croissance. « On aurait dû profiter de cette période pour réduire le déficit budgétaire », estime Buyst. « Cela aurait permis de disposer de marges de manœuvre en cas de ralentissement. »
La chute du marché obligataire
Autre indicateur inquiétant, selon De Morgen : la dépréciation du dollar depuis l’annonce des mesures de rétorsion commerciale par l’administration Trump. Dans la foulée, les investisseurs ont commencé à se détourner des obligations américaines, un phénomène impensable il y a encore dix ans.
Pour Ray Dalio, ces évolutions s’inscrivent dans un schéma historique plus large. Chaque époque hégémonique, explique-t-il, voit émerger une nouvelle puissance qui finit par détrôner l’ancienne après une période de tensions, voire de guerre. La monnaie de la nouvelle puissance devient alors celle de référence, jusqu’à ce que l’endettement excessif précipite à son tour sa chute. « Ce type de modèle est souvent utilisé pour raconter l’histoire de l’Occident », note Erik Buyst. « Notamment la chute de la Grande-Bretagne et de la livre sterling au XIXe siècle. »
L’histoire se répéterait-elle ? Dalio reste évasif sur l’issue. Il estime toutefois que si les États-Unis prennent les bonnes décisions, leur suprématie peut encore être préservée. Dans le cas contraire, les risques d’une nouvelle crise économique — ou même de conflits internes — augmentent.
Le XXIe siècle sera sans doute moins paisible que les décennies précédentes.
Pour Erik Buyst, il est clair que l’ordre mondial est en mutation. Le virage protectionniste opéré par les États-Unis, amorcé sous Donald Trump, poursuivi par Joe Biden, et renforcé dans le cadre du second mandat de Trump, en est un symptôme. Washington semble également se désengager de son rôle de garant de la sécurité mondiale, en obligeant l’Europe à prendre en main sa propre défense. Mais de là à parler d’un nouveau géant hégémonique, Buyst tempère : « Il est plus probable que nous évoluions vers un monde multipolaire, où les États-Unis coexisteront avec d’autres grandes puissances comme la Chine, l’Europe ou l’Inde. » Une chose est sûre, conclut-il : « Le XXIe siècle sera sans doute moins paisible que les décennies précédentes. »
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici