Trump renoue avec les passes d’armes commerciales avec la Chine
Donald Trump a décidé d’imposer 10% de taxes supplémentaires sur les importations de produits chinois. Pékin a déjà promis de riposter.
Le président américain Donald Trump a tenu sa promesse d’augmenter les droits de douane sur les produits venus de Chine, qu’il accuse de pratiques commerciales déloyales et de laisser-faire concernant le trafic de fentanyl aux Etats-Unis.
Le républicain a imposé samedi 10% de taxes supplémentaires sur les biens chinois, en plus de celles déjà en vigueur.
Pékin a fait part de son opposition dimanche et promis de répliquer avec ses propres mesures, réaffirmant qu’une guerre commerciale ne ferait “pas de vainqueur”.
Le point sur les relations et tensions en la matière entre les deux plus grandes économies mondiales.
Quels sont les montants en jeu?
Les échanges commerciaux entre la Chine et les Etats-Unis ont totalisé plus de 530 milliards de dollars (environ 500 milliards d’euros) sur les 11 premiers mois de 2024, selon Washington.
Sur cette même période, les exportations chinoises vers les Etats-Unis ont représenté plus de 400 milliards de dollars (386 milliards d’euros), d’après les chiffres américains, plaçant la Chine au deuxième rang des plus grands partenaires commerciaux du pays nord-américain, derrière le Mexique.
La Chine est par ailleurs pour les Etats-Unis un fournisseur majeur de biens tels que les produits électroniques, l’habillement ou le textile, relève le Peterson Institute of International Economics (PIIE).
Mais le déséquilibre commercial béant suscite fait depuis longtemps grincer des dents à Washington: le déficit commercial avec le géant asiatique s’élevait à 270 milliards de dollars (260 milliards d’euros) sur les 11 premiers mois de 2024, toujours selon les chiffres américains.
De leur côté, les douanes chinoises ont évoqué un chiffre de 361 milliards de dollars pour l’ensemble de l’année.
Le soutien massif de l’Etat-parti chinois à son industrie ainsi que le traitement déséquilibré des entreprises américaines présentes en Chine alimentent des accusations de dumping (revente à des prix artificiellement bas hors du marché national).
Or, l’économie chinoise reste très dépendante des exportations, ce qui explique la réticence de ses dirigeants à modifier ce statu quo.
Dossier| In Trump we trust?
Que s’est-il passé pendant le premier mandat de Donald Trump ?
Au cours de son premier séjour à la Maison-Blanche, le magnat de l’immobilier a imposé des droits de douane sur des importations de produits chinois pour des centaines de milliards de dollars.
Les principales exigences des Etats-Unis étaient d’obtenir un meilleur accès au marché chinois, verrouillé par un drastique contrôle étatique et où la préférence est accordée aux entreprises nationales.
Pékin avait répliqué avec des taxes sur les importations venant des Etats-Unis, ce qui a particulièrement affecté les agriculteurs américains.
Après de longues et difficiles négociations, les deux pays ont conclu en 2019 un accord commercial dit de “Phase 1”, ménageant une trêve dans la guerre commerciale.
La Chine s’est alors engagée à importer 200 milliards de dollars (193 milliards d’euros) de produits américains, dont 32 milliards (31 milliards d’euros) de produits agricoles et de fruits de mer.
Mais les experts affirment qu’elle n’a pas tenu ces objectifs, notamment en raison du choc économique survenu peu après par la pandémie de Covid-19.
“La Chine n’a atteint que 58% des importations de produits américains prévues dans l’accord, même pas suffisant pour retrouver les niveaux d’avant la guerre commerciale”, constate Chad Brown, analyste au PIIE.
Qu’est-ce qui a changé avec Biden ?
Elu en 2020, Joe Biden n’a pas annulé les taxes douanières imposées par son prédécesseur mais a adopté une approche plus ciblée.
Washington a notamment intensifié ses efforts pour limiter les exportations de puces électroniques vers la Chine, dans le cadre d’une stratégie visant à empêcher l’utilisation de technologies américaines par son armée.
L’administration Biden a également augmenté certains droits de douane pour riposter à ce qu’elle a décrit comme une “surcapacité industrielle” de la Chine, cherchant à contrer l’impact des subventions publiques aux industriels chinois qui conduiraient à inonder les marchés de produits bon marché.
Les droits de douane sur les véhicules électriques ont été multipliés par quatre pour atteindre 100%, tandis que ceux sur les semiconducteurs ont grimpé de 25% à 50%.
Batteries, minéraux cruciaux et équipements médicaux ont également été ciblés.
Qu’attendre de la suite du second mandat Trump ?
Le républicain a prouvé que ses menaces de campagne étaient très sérieuses.
Il a par ailleurs lié les droits de douane au destin de l’application TikTok, menaçant de représailles si le réseau social n’était pas cédé par sa maison-mère chinoise ByteDance.
Dimanche, le ministère du Commerce chinois a promis de riposter avec ses propres mesures pour “protéger résolument” les “droits et intérêts” chinois.
“Il n’y a pas de vainqueurs dans une guerre commerciale ou une guerre de droits de douane”, a réaffirmé pour sa part le ministère des Affaires étrangères, estimant que cette nouvelle bataille allait “inévitablement affecter et nuire à la future coopération en matière de contrôle des drogues”.
Et ce alors que les Etats-Unis accusent la Chine de passivité vis-à-vis du trafic sur leur sol de fentanyl, un puissant opioïde responsable de plus de 70.000 décès par overdose en 2023, selon les autorités américaines.