Les membres de l’Alliance atlantique se réunissent à La Haye pour lancer leur course aux armements, dans un monde plus dangereux que jamais. Pour atteindre les 5% du PIB, la Belgique compte sur le temps, la flexibilité… et les impôts? Le MR refuse. Le Sommet débute avec un sentiment d’incertitude dû à la personnalité de Trump.
La course aux armements européenne est lancée. Sous la pression des États-Unis et des événements, les membres européens de l’Otan devraient souscrire à l’augmentation, à terme, des dépenses en matière de défense à 5% du PIB. C’est l’un des enjeux du Sommet de l’Alliance, qui débute ce mardi à La Haye.
En Belgique, cela ne va pas pas sans susciter des questions budgétaires, voire des tensions au sein de l’Arizona fédérale. Tant le cap lui-même que le moyen d’y arriver provoquent des débats importants. Vu son endettement, notre pays ne peut “décemment souscrire” à une montée rapide vers 5%, a souligné Maxime Prévot (Engagés), ministre des Affaires étrangères.
Seule l’Espagne aurait obtenu une dérogation.
Eviter l’isolement
“Dans ce monde en feu, avec de nouveaux conflits qui s’annoncent, la Belgique ne peut pas se permettre l’isolement, soulignait ce week-end Maxime Prévot. Seul, sans allié en Europe et dans l’Otan, notre pays ne serait pas en capacité de protéger sa population, de garantir sa sécurité et sa prospérité. Toutefois, nous pouvons, avec d’autres pays qui ne sont pas hyperenthousiastes à l’égard de ce niveau élevé de dépenses militaires, créer une coalition plaidant pour des assouplissements. C’est tout l’enjeu des prochains jours.”
ll avait également affirmé que de nouveaux impôts ne pouvaient être exclus dans ce contexte budgétaire difficile. “Ce n’est pas la première piste”, avait-il souligné. Mais: “L’argent ne pousse pas sur les arbres”.
“Aucun impôt en plus”
Réplique “facile” de Georges-Louis Bouchez, président du MR: “Avec le MR, aucun impôt en plus. Ni pour la Défense. Ni pour le budget. La Belgique est déjà le pays le plus taxé du monde. Le problème n’est pas un manque de recettes… mais un excès de dépenses publiques. Avant de parler d’impôts, commençons par arrêter le gaspillage de l’argent des citoyens.”
Rideau? Le libéral avait parlé d’une “hystérie collective” en commentant les 5% du PIB.
La réalité belge sera sans doute entre les deux: une augmentation lente des 5% du PIB, façon mauvais élève de la classe, des dépenses ordinaires versées dans ce pot “défense” et quelques mesures fiscales façon “on n’a pas le choix”.
Theo Francken (N-VA), ministre de la Défense, parle de “flexibilité”. Les 5% seraient divisés en deux paquets: 3,5% consacrés à des dépenses militaires pures et 1,5% consacré à un ensemble de projets d’infrastructures favorisant, par exemple, le transit de troupes dans les pays de l’Alliance. Theo Francken plaide, en outre, pour que l’aide à l’Ukraine soit incluse dans les dépenses de défense collective de la Belgique.
L’incertitude Trump
Au-delà du cas belge, le président américain, Donald Trump, focalise l’attention de ce Sommet. Le milliardaire américain n’a jamais caché son antipathie à l’égard de l’organisation de défense collective, menaçant même de la quitter en 2018 après avoir vertement critiqué les pays membres ne finançant pas suffisamment à son goût leur défense. Le format du sommet a été réduit pour éviter les situations potentiellement tendues avec l’Américain, selon des diplomates.
La première question consiste à savoir… s’il sera là. Après les frappes américaines sur trois sites nucléaires en Iran, la présence du tonitruant président américain aux Pays-Bas est également soumise à caution. Jaap de Hoop Scheffer, secrétaire général de l’Otan de 2004 à 2009, a estimé dans une émission politique néerlandaise que la venue de Donald Trump dépendrait principalement de la réponse iranienne aux attaques menées samedi. “S’il y a une escalade du conflit dans les prochaines 24 à 48 heures, je pense que le président devra être à Washington”, estime le Néerlandais.
S’il est présent, il risque toutefois de crisper certains alliés, dont le Danemark et le Canada. Ces deux membres fondateurs de l’Otan ont été la cible directe de l’administration Trump, avec ses velléités d’annexion du Groenland et du Canada.
L’Ukraine en guise de test
En tout état de cause, l’Ukraine risque de faire les frais d’une situation internationale dominée par le Proche-Orient.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est attendu mardi à la Haye et participera à une rencontre avec le secrétaire général de l’Alliance, Mark Rutte, et des représentants de l’Union européenne. Aucune rencontre entre Ukrainiens et Américains ne figure dans le programme officiel. Volodymyr Zelensky devrait toutefois probablement croiser son homologue américain lors du dîner de gala organisé mardi soir au Palais royal par les souverains néerlandais.
La mention ou l’absence de mention de l’Ukraine dans la déclaration finale, qui sera publiée à l’issue du sommet mercredi, devrait être un bon indicateur de la position américaine vis-à-vis de Kiev.