L’Union européenne s’apprête à adopter de nouvelles sanctions à l’encontre de la Russie, après que le président Vladimir Poutine a ignoré une opportunité de négociation directe avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky. C’est ce qu’a annoncé vendredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
« Il est temps d’intensifier la pression sur la Russie, jusqu’à ce que Vladimir Poutine se montre réellement disposé à faire la paix », a déclaré Mme von der Leyen à son arrivée à Tirana (Albanie), en marge d’une réunion de la Communauté politique européenne (CPE).
La présidente de la Commission a rappelé que Vladimir Poutine avait lui-même annoncé un cessez-le-feu à l’approche des commémorations du 9 mai — engagement qu’il n’a jamais respecté. L’Union européenne, l’Ukraine et leurs partenaires internationaux, dont les États-Unis, avaient pourtant conjointement appelé à un cessez-le-feu complet et inconditionnel d’au moins trente jours. Malgré cela, le président russe a poursuivi les frappes contre l’Ukraine.
Une rencontre avait été proposée entre les deux pays en Turquie, lors de laquelle Volodymyr Zelensky s’était déclaré prêt à rencontrer son homologue russe. Mais Vladimir Poutine ne s’est pas présenté. « Tout cela montre que le président Poutine ne veut pas la paix », a conclu Ursula von der Leyen.
17e paquet en cours d’approbation
L’UE travaille actuellement à un nouveau train de sanctions, distinct du 17e paquet en cours d’approbation. Parmi les mesures envisagées figure l’interdiction formelle des gazoducs Nord Stream, qui relient la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique. Nord Stream 1 a assuré des livraisons de gaz jusqu’à l’été 2022, avant d’être gravement endommagé par des explosions. Nord Stream 2, de son côté, n’a jamais été mis en service. L’objectif de l’interdiction est de décourager tout investisseur de réparer ou d’activer ces infrastructures, a précisé une porte-parole de la Commission.
L’Union européenne prévoit également d’ajouter plusieurs navires à la liste de sanctions visant la « flotte fantôme » russe : des pétroliers vétustes, non assurés, et immatriculés sous des pavillons de complaisance, qui permettent à Moscou de contourner l’embargo sur le pétrole. Ces navires représentent par ailleurs un risque important pour la sécurité maritime et l’environnement, comme l’ont souligné plusieurs Premiers ministres de pays riverains de la mer Baltique et de la mer du Nord.
L’UE souhaite en outre abaisser le plafond de prix du pétrole brut russe, actuellement fixé à 60 dollars le baril par le G7. Cette mesure, déjà évoquée en février dernier, viserait à réduire davantage les revenus énergétiques de Moscou. Le secteur financier russe, incluant les banques du pays ainsi que celles de pays tiers qui soutiennent la Russie, fait également l’objet d’une attention accrue.
Présent lui aussi à Tirana, le Premier ministre britannique Keir Starmer — dont le pays ne fait plus partie de l’UE — a déclaré que les alliés de l’Ukraine « agiront de manière coordonnée sur les sanctions » en l’absence de cessez-le-feu. « Il est crucial que nous restions unis avec nos alliés », a-t-il insisté. « Ce que nous avons vu ces dernières heures prouve une nouvelle fois que Poutine ne cherche pas la paix. Il tente seulement de gagner du temps », a ajouté M. Starmer.
Plus de quarante chefs d’État et de gouvernement, dont Volodymyr Zelensky, sont réunis à Tirana pour cette sixième réunion de la Communauté politique européenne. Le Premier ministre belge Bart De Wever y participe également. Il s’agit du premier grand sommet international pour le chancelier allemand Friedrich Merz, entré en fonction la semaine dernière.
Organisé conjointement par le Premier ministre albanais Edi Rama et le président du Conseil européen Antonio Costa, ce sommet est consacré aux grands enjeux de sécurité, à l’innovation, à la résilience économique, aux migrations et aux perspectives offertes à la jeunesse.
La CPE, lancée à l’initiative du président français Emmanuel Macron dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine, vise à renforcer le dialogue et la coopération entre les pays européens, au-delà des seules frontières de l’Union. La première réunion s’est tenue à Prague en octobre 2022, et la précédente à Budapest en novembre 2024. Ni la Russie ni la Biélorussie ne sont invitées à y participer.