Relations économiques et Ukraine pour le voyage de Lula en Chine

Luiz Inacio Lula da Silva
Le Président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva. © Belga

Le président Luiz Inacio Lula da Silva quitte le Brésil samedi pour une visite d’Etat en Chine à la tête d’une importante délégation de ministres et de patrons, et avec un plan de paix pour l’Ukraine.

A peine trois mois après son arrivée au pouvoir, le président de gauche aura vu les partenaires les plus importants pour un Brésil soucieux de “parler à tout le monde”, après le mandat de Jair Bolsonaro marqué par un grand isolement. 

Il s’est rendu en Argentine en janvier et aux Etats-Unis en février, avant la Chine.

La visite à Pékin de Lula, du 26 au 31 mars, “montre clairement le désir d’un dialogue bilatéral de très haut niveau et d’un approfondissement de la relation” avec la Chine, a estimé pour l’AFP Evandro Menezes de Carvalho, spécialiste de la Chine à la Fondation Getulio Vargas.

Chine, le premier partenaire commercial du Brésil

Lula se rend non seulement chez le premier partenaire commercial du Brésil, mais dans un pays souvent heurté par l’administration d’extrême droite de Jair Bolsonaro, farouchement anticommuniste et qui s’était totalement alignée sur les Etats-Unis de Donald Trump en début de mandat.

L’icône de la gauche brésilienne doit s’entretenir mardi avec son homologue Xi Jinping, et lui présenter sa proposition, aux contours encore flous, de médiation dans le conflit en Ukraine par un groupe de pays. 

Xi vient de faire à Moscou une visite d’Etat qui a consacré le renforcement des liens avec le président russe Vladimir Poutine, auquel il a présenté des propositions de paix chinoises en Ukraine.

“La Chine est un allié important” de l’initiative annoncée par Lula fin janvier, a assuré le gouvernement dans un communiqué. Ni Brasilia ni Pékin n’ont imposé de sanctions contre Moscou.

Le Brésil veut se poser en facilitateur d’un dialogue multinational sur l’Ukraine, comme Lula l’avait fait lors de son deuxième mandat (2007-2010) pour l’accord sur le nucléaire iranien.  

La Chine a proposé de son côté un plan de paix en 12 points, qui inclut le respect de la souveraineté territoriale de tous les pays. Ce plan, qui appelle à des négociations de paix entre Moscou et Kiev, a été approuvé prudemment par Poutine et reçu avec méfiance par l’Occident, qui estime que Pékin soutient implicitement l’agression russe. 

Investissements chinois

Lula va arriver à Pékin avec une impressionnante délégation de ministres et de patrons.

Les échanges commerciaux bilatéraux ont atteint l’an dernier 150 milliards de dollars mais le Brésil exporte surtout sa production agricole et peu de produits à valeur ajoutée.

Avec 70 milliards de dollars, le Brésil a représenté près de la moitié (48%) des investissements chinois en Amérique latine sur la période 2007-2020, selon la Chambre de commerce Brésil-Chine. 

Ceux-ci ont essentiellement été dirigés dans l’électricité, le pétrole, l’automobile, les machines-outils, les minerais, l’agroalimentaire et les télécoms. 

Le Brésil souhaite donner une impulsion “au commerce, en visant une diversification de ses produits mais aussi en attirant des investissements chinois”, dit M. Menezes, évoquant notamment les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle ou les trains à grande vitesse.

Quelque 500 entrepreneurs, la moitié brésiliens, et essentiellement de l’agronégoce, se réuniront le 29 mars.

La Chine doit lever l’embargo sur les importations de viande bovine brésilienne qu’elle avait décrété suite à la découverte d’un cas de vache folle.

Coopération Sud-Sud

“Il ne faut pas perdre de vue le fait qu’il y a aussi une association stratégique” entre le Brésil et la Chine “dans le cadre d’une coopération Sud-Sud”, estime Evan Ellis, expert de la Chine au Hemispheric Defense Studies de Washington.

Lors de ces deux premiers mandats (2003-2010), Lula avait accordé la priorité au multilatéralisme, parcouru la planète et fait trois fois le voyage à Pékin. 

Le Brésil et la Chine sont membres des grands pays émergents des Brics, qui réunissent également l’Inde, la Russie et l’Afrique du Sud.

Lula doit avoir des entretiens avec le tout nouveau Premier ministre Li Qiang et le président de l’Assemblée nationale populaire Zhao Leji. 

Il se rendra également à Shanghai, capitale économique de la Chine, au moment où son ex-dauphine Dilma Rousseff, qui a présidé le Brésil de 2011 à 2016, prendra la direction de la Nouvelle Banque de Développement (NBD) des Brics.

Avant de rentrer au Brésil, Lula fera un crochet par les Emirats arabes Unis les 31 mars et 1er avril.

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