Que signifie le retour de Donald Trump pour la politique énergétique américaine?
En 2017, Donald Trump avait encouragé les combustibles fossiles et tenté de faire reculer les réglementations vertes. Quel sera son discours 2025?
La chose la plus importante que les États-Unis puissent faire en ce moment pour lutter contre la crise climatique mondiale est d’envoyer Harris à la Maison Blanche”, avait déclaré Manish Bapna, à la tête directeur du Natural Resources Defense Council (NRDC), une influente organisation environnementale, avant la présidentielle américaine. Au cours de son premier mandat, Donald Trump avait encouragé les combustibles fossiles et tenté de faire reculer les réglementations vertes. Maintenant que Trump a gagné, les craintes de Manish Bapna vont-elles se réaliser, ou la rhétorique pro-combustibles fossiles et anti-climat du président élu n’était-elle qu’un simple discours de campagne ?
Les idéologues de la Heritage Foundation, un think tank conservateur, estiment qu’un changement radical est possible. Avec l’aide de conseillers de Trump, ils ont préparé des propositions visant à inverser les politiques environnementales et à accélérer la déréglementation. Donald Trump a désavoué cet effort, connu sous le nom de Projet 2025, mais il a repris ses principaux points sur la déréglementation et l’adoption des combustibles fossiles.
Les présidents américains ont moins de contrôle sur l’énergie qu’on ne le pense.
Premiers producteurs de pétrole sous Biden
Avec le contrôle total du Congrès par les républicains, une partie de cet agenda va pouvoir avancer. Il y aura peu de nouvelles restrictions sur les forages pétroliers et gaziers, et la pause décidée par Joe Biden sur les approbations de nouveaux projets d’exportation de gaz naturel liquéfié sera levée. Pourtant, le président a moins de contrôle sur l’énergie qu’on ne le pense.
Les prix du pétrole sont largement fixés par l’Opep. Donald Trump a retiré les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, mais cela n’a pas entraîné l’effondrement des efforts mondiaux ni empêché l’accélération de l’action climatique des États américains, des villes et des entreprises. Et au grand dam des progressistes, et en partie grâce aux conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, l’Amérique est devenue le premier producteur mondial de pétrole et de gaz durant le mandat de Joe Biden.
La promesse de Donald Trump de tuer le mal nommé Inflation Reduction Act (IRA), du nom de cette loi promulguée sous Biden et qui pourrait déclencher un boom des investissements de 3.000 milliards de dollars dans une série de technologies bas carbone sur une décennie, ne sera probablement pas tenue non plus. Près des quatre cinquièmes de ses crédits d’impôt sont accordés à des districts républicains, ce qui explique pourquoi près d’une vingtaine de membres républicains du Congrès ont publié une lettre s’opposant à son abrogation. Même un lobbyiste chevronné du secteur pétrolier affirme que ses clients, qui bénéficient des subventions de l’IRA pour la production d’hydrogène et la capture du carbone, “feront tout ce qui est en leur pouvoir” pour empêcher sa disparition.
La victoire de Donald Trump ne signifiera pas l’effondrement des efforts en matière de climat ; les investissements dans les énergies propres ont pris leur propre élan à mesure que leur coût chutait. La question fondamentale, selon Manish Bapna, est de savoir si l’Amérique sera un leader ou un retardataire.
Mais l’incertitude politique apportée par Trump fera réfléchir Wall Street. Le cabinet de conseil Wood Mackenzie estime que sa présidence réduira les investissements dans la transition énergétique des États-Unis de 1.000 milliards de dollars, pour atteindre environ 6.000 milliards de dollars d’ici à 2050.
Par Vijay Vaitheeswaran, rédacteur en chef mondial pour l’énergie et l’innovation climatique de “The Economist”
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