Pourquoi Trump, Poutine et l’UE convoitent les ressources naturelles de l’Ukraine
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Le sous-sol ukrainien est riche en matières premières essentielles à l’industrie moderne. De quoi affûter les appétits et compliquer toute tentative de paix.
Selon une étude de l’OTAN, l’Ukraine dispose de vastes réserves de métaux et minéraux critiques. Notamment le titane, le lithium, le béryllium, le manganèse, le gallium et le graphite. Autant de matières indispensables pour, entre autres, la production de smartphones, de semi-conducteurs, de voitures électriques, d’avions et d’armements à en croire un rapport de l’OTAN sur les matériaux stratégique datant de 2023. Il y aurait même des terres rares, comme le néodyme, essentiel à la fabrication d’aimants.
Si, toujours selon un rapport de l’OTAN, l’importance stratégique de ces ressources ukrainienne « ne peut être surestimée », leur exploitation nécessite d’importants investissements et une stabilité économique et politique. Deux choses nettement plus rares en ce moment en Ukraine.
Trois puissances à l’affût
Pour rappel l’Union européenne a identifié 34 matières premières critiques pour son industrie, dont 22 sont présentes en Ukraine (Commission européenne, Critical Raw Materials Act, 2023). Plusieurs alliés européens, dont le Royaume-Uni, la France et l’Italie, ont déjà entamé des négociations avec l’Ukraine pour intégrer ces ressources dans sa chaîne d’approvisionnement, visant à réduire sa dépendance vis-à-vis des importations en provenance de Chine.
Les États-Unis ont également manifesté un intérêt pour ces ressources. Le président Donald Trump a déclaré vouloir récupérer, « d’une manière ou d’une autre », une partie des fonds américains investis en Ukraine. Et en échange d’une aide supplémentaire, il souhaite obtenir un accès aux ressources minières du pays. Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a effectué cette semaine une visite à Kiev pour explorer des accords de coopération économique.
Et du côté Russe ? Vladimir Poutine vise toujours à placer l’Ukraine entièrement sous influence russe. Si ce n’est pas encore le cas, bon nombre de ces ressources se trouvent toutefois à proximité de la ligne de front et elle a pour l’instant déjà une partie de ces réserves sous son contrôle.
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Des ressources impactées par la guerre
L’exploitation de ces ressources est donc directement affectée par la guerre. Selon les estimations de l’administration ukrainienne, environ 20 % des matières premières critiques du pays sont situées dans des zones occupées par la Russie, y compris la moitié des réserves connues de terres rares. Kiev craint que ces ressources ne soient revendues à des pays comme l’Iran ou la Corée du Nord.
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Par ailleurs, la domination chinoise dans le raffinage des terres rares et du graphite constitue un enjeu stratégique. Pékin contrôle aujourd’hui plus de 60 % de l’offre mondiale de graphite et a récemment imposé des restrictions à l’exportation.
Dans cette optique, l’Ukraine pourrait offrir une réelle alternative pour diversifier les approvisionnements occidentaux. A condition d’attirer des investissements et de stabiliser la situation sécuritaire.
Un secteur minier quasiment à l’abandon
Malgré son potentiel, l’Ukraine souffre d’un sous-investissement chronique dans son secteur minier. Selon l’Association ukrainienne de l’industrie extractive, les infrastructures minières datent en grande partie de l’ère soviétique, limitant l’exploitation et la transformation des ressources (Ukrainian Mining Association, 2023). La mine de graphite de Zavalia, par exemple, fonctionne avec du matériel datant de 1965, nécessitant une modernisation pour répondre aux standards internationaux.
L’Ukraine cherche donc à capter des financements étrangers pour moderniser son industrie minière et développer des capacités locales de transformation. Il manque cependant encore un cadre réglementaire favorable aux entreprises internationales.
Des ressources estimées à plusieurs milliers de milliards
Le coût élevé des infrastructures et l’incertitude géopolitique ne sont pas les deux seuls points qui freinent le développement du secteur. L’incertitude autour de la cartographie exacte des ressources constitue un autre obstacle. Pendant des décennies, les données géologiques du pays étaient classifiées secret défense, freinant l’évaluation des réserves exploitables. Néanmoins, Volodymyr Zelensky a affirmé que le pays détient des ressources valorisées à plusieurs milliers de milliards de dollars, dont 500 000 tonnes de lithium non exploité.
N’ignorant pas qu’un simple cessez-le-feu ne suffira pas à régler la problématique, Zelensky a, ces derniers jours, mis en avant les richesses de son pays dans son « plan de victoire » afin de garantir le soutien de ses partenaires occidentaux. Allant jusqu’à présenter une carte de l’Ukraine montrant les réserves connues.
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La conférence de Munich
C’est aussi un appel pour encourager l’Europe à formuler lors de la Conférence de Sécurité de Munich, une réponse ferme aux positions de Donald Trump sur l’Ukraine. Sous peine de se retrouver dans une position similaire à ceux suivants les accords de Munich en1938 et à la Conférence de Yalta de 1945. Deux moments clés où des décisions ont été prises au détriment des nations européennes. Une crainte renforcée par le fait que Trump envisage des négociations bilatérales avec la Russie sans implication de l’Ukraine, suggérant au passage à l’Ukraine de céder des territoires.
Prudent, Volodymyr Zelensky s’entretiendra également à Munich avec une large délégation américaine, notamment le vice-président J.D. Vance et le secrétaire d’État Marco Rubio, tous deux présents en Bavière.
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