Musk face aux fonctionnaires : un plan de départs sous tension
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Elon Musk mise sur des départs “volontaires” pour réduire la fonction publique, mais résistance et recours en justice freinent son plan.
Fin janvier, Elon Musk, par le biais de son département Doge (Department of Government Efficiency), a mis en place une initiative visant à réduire les dépenses publiques en incitant les fonctionnaires fédéraux à accepter des démissions “volontaires”. 2,3 millions de fonctionnaires (soit tous les membres de la fonction publique fédérale, à l’exception du personnel militaire, postal et de l’immigration) ont reçu par mail une offre de démission immédiate, tout en conservant leur salaire jusqu’à fin septembre. Ce plan, présenté comme une opportunité de réduction des coûts pour l’État fédéral, était également assorti d’une menace implicite : c’était à prendre ou à laisser. La fermeture de nombreux bureaux fédéraux étant imminente, ceux qui refusaient prenaient le risque d’être licenciés de force à partir de ce vendredi, sans être payés pour les six mois à venir.
Le processus a été largement critiqué, mais a-t-il porté ses fruits ?
La date limite pour accepter l’offre était fixée au 6 février à minuit (heure américaine). Cependant, des actions en justice ont offert un répit. À la demande des syndicats – qui considèrent ce courrier comme un ultimatum illégal –, un tribunal a suspendu l’échéance de jeudi soir, accordant aux fonctionnaires un délai supplémentaire jusqu’à lundi pour prendre leur décision.
Un premier bilan décevant pour Musk
Malgré ce sursis, il est déjà possible de tirer un premier bilan. Il semblerait que seuls 40 000 fonctionnaires aient accepté l’offre, soit moins de 2 %, un taux bien inférieur aux 5 à 10 % escomptés par Musk.
Ce manque d’enthousiasme démontre que, malgré la menace, la proposition n’était pas si attractive. La méfiance est grande parmi les fonctionnaires, qui rappellent que des promesses similaires faites par Musk aux employés de Twitter (aujourd’hui X) n’ont pas été tenues. L’avalanche de mails pseudo-rassurants envoyés cette semaine n’a fait qu’alimenter davantage la suspicion.
Le ton menaçant adopté par l’administration Musk a également braqué de nombreux fonctionnaires. Plus d’un s’est senti insulté par une communication perçue comme condescendante et agressive. Enfin, beaucoup espèrent encore que la légalité douteuse de l’offre la rende caduque. Après tout, l’échéance vient déjà d’être reportée à lundi.
Première étape d’un plan plus large ?
La carotte n’ayant eu que peu d’effet, il est probable que l’on passe désormais au bâton.
L’intensification de l’offensive de Musk pour réduire les coûts du gouvernement fait craindre des licenciements massifs si trop peu de fonctionnaires acceptent la démission volontaire. Il n’a jamais caché son objectif de réduire drastiquement les effectifs. Son plan mégalomaniaque prétend réduire de 2 000 milliards de dollars les dépenses publiques, avec des milliers de suppressions de postes à la clé. Certains services déjà fragilisés, comme le département de la Protection de l’Environnement ou la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), risquent d’être particulièrement touchés.
De plus, la prise de contrôle par Doge de nombreux départements, comme les Finances et la Santé, avec une agressivité et un mépris des règles sans précédent, a permis à Musk d’accéder à l’ensemble des systèmes fédéraux de paie et de prestations. Il détient désormais des informations sensibles sur les fonctionnaires. Autant de données qui pourraient devenir une arme redoutable. Non seulement pour cibler plus efficacement le “gaspillage”, mais aussi pour écarter de manière opportuniste tout opposant politique.
Mais loin d’être à terre, la résistance s’organise aussi sur ce front. Un juge fédéral a temporairement interdit au département du Trésor de partager les données de son système de paiements (qui, rappelons-le, gère des milliers de milliards de dollars de transactions, y compris les paiements de la Sécurité sociale et de Medicare) avec des tiers, y compris Musk et son équipe chez Doge. Concrètement, Elon Musk n’aura plus accès au carnet de chèques de l’État fédéral américain… du moins, pour l’instant.
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