Menace d’escalade au Proche-Orient: un risque majeur pour les Etats-Unis et l’économie
Les mises en garde se multiplient en raison des menaces de risposte iranienne. Et si les Américains se retrouvaient impliqués dans la guerre… L’économie mondiale retient son souffle.
Les signaux d’alerte se multiplient au Proche-Orient. Chez nous, le SPF Affaires Etrangères a demandé la semaine passée aux voyageurs belges de quitter le Liban “sur-le-champ” et d’être “extrêmement vigilants”. Quelque 400 Belgies se trouveraient toujours dans ce pays et en Israël. France, Royaume-Uni, Etats-Unis, Suède, Arabie Saoudite, Canada…: partout dans le monde, on appelle à l’évacuation.
La menace d’une riposte “sérieuse” de la part de l’Iran et de ses alliés (Hezbollah, Houthis du Yemen, Hamas…) est réelle après l’humiliation des attaques contre le chef politique du Hamas à Téhéran et le chef militaire du Hezbollah à Beyrouth. Les Etats-Unis se préparent à “toutes les éventualités” et renforcent leur présence militaire sur place. On évoque un délai possible de 24 à 48 heures.
Les Etats-Unis impliqués?
Le secrétaire d’Etat américain à la Défense, Lloyd Austin, a eu des contacts ce lundi avec ses homologues israéliens pour les assurer de son soutien. “Le Pentagone déploie d’importants moyens dans la région pour se préparer à une possible nécessité renouvelée de défendre Israël d’une attaque, a souligné dimanche Jon Finer, conseiller adjoint à la sécurité nationale américain sur la chaîne américaine ABC. Simultanément, nous nous efforçons de désamorcer la situation diplomatiquement, car nous ne pensons pas qu’une guerre régionale soit dans l’intérêt de qui que ce soit à l’heure actuelle.” De nombreux contacts ont eu lieu ce week-end, notamment entre ministres des Affaires étrangères du G7.
Ensemble, le président français, Emmanuel Macron, et le roi de Jordanie, Abdallah II, ont appelé à éviter “à tout prix” un embrasement. “Le président de la République et le roi Abdallah II ont exprimé leur plus vive inquiétude quant à la montée des tensions dans la région et souligné la nécessité d’éviter une escalade militaire régionale à tout prix”, ont-il affirmé dans un communiqué commun. “Ils ont appelé toutes les parties à sortir de la logique de représailles, à exercer la plus grande retenue et la plus grande responsabilité afin de garantir la sécurité des populations”.
Le risque serait, aussi, que les Etats-Unis se trouvent impliqués. “Si l’Iran réplique massivement à l’élimination de Haniyeh à Téhéran, les Etats-Unis seront entraînés dans le conflit aux côtés d’Israël, souligne Gérard Araud, ancien ambassadeur de France à Washington, sur X. Une guerre résultat d’une décision sur laquelle ils n’ont même pas été consultés. Quel échec….” “Peut-être le but recherché par certains…”, lui répond Georges Malbrunot, grand spécialiste du Proche-Orient au Figaro.
Selon plusieurs médias, l’irritation du président Joe Biden serait, en tout cas, vive à l’égard du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou.”Il est désormais clair que l’administration américaine n’a pas eu la volonté ni la capacité de modifier le comportement du Premier ministre israélien et les calculs coûts-bénéfices de la guerre”, souligne Randa Slim, du Middle East Institute, au quotidien libanais L’Orient – Le Jour.
L’économie retient son souffle
Ce risque géopolitique majeur pèse sur les acteurs économiques mondiaux, qui retiennent leur souffle. L’adage est connu: il n’y a rien de pire pour l’économie que l’incertitude. L’annonce de la mort des dirigeants du Hamas et du Hezbollah avaient déjà provoqué une hausse des prix du pétrole, la semaine dernière. Un élargissement du conflit interviendrait alors que les marchés mondiaux s’inquiètent déjà fortement, en ce début de semaine, de la santé de l’économie américaine.
Un tel embrasement pourrait également peser sur l’échéance importante de la prochaine élection américaine, à l’heure où la nouvelle candidate démocrate Kamala Harris semble prendre le dessus sur son rival américain Donald Trump. Le désordre profiterait aux partisans d’un monde déglobalisé.
Ce n’est pas pour rien que les dirigeants des pays démocratiques en appellent à “la plus grande retenue”.
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