Les géants de la tech sont fatigués des amendes monstres de l’Union européenne

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Baptiste Lambert

C’est une annonce vidéo qui a surpris tout le monde. Mark Zuckerberg, le CEO de Meta, a décidé de complètement modifier la politique de modération de Facebook et d’Instagram. Et elle fait farouchement penser à la politique de X, le réseau social contrôlé par Elon Musk, ancien pire ennemi de Zuckerberg et allié de poids de Donald Trump.

Les utilisateurs de la plateforme X savent qu’il s’agit d’un changement majeur. La semaine dernière, Mark Zuckerberg, CEO de Meta, a annoncé dans une longue vidéo qu’il allait complètement modifier la politique de modération du réseau social qu’il a créé. La raison officielle? “Revenir aux racines” de Facebook “autour de la liberté d’expression”. Le milliardaire de la tech estime que “les gouvernements et les médias traditionnels (legacy media) ont fait pression pour censurer de plus en plus”.

“Nous allons nous débarrasser des fact-checkers”

C’en est terminé des fact-checkers payés par Meta et souvent issus des médias traditionnels. Ils seront remplacés par des community notes, similaires à celles que l’on retrouve sur X.

Pour les non-initiés, ces “notes” permettent à la “communauté d’utilisateurs” de contrebalancer un post qui pourrait contenir des éléments mensongers, offensants ou autre. Les notes les plus approuvées par la “communauté” se retrouvent alors attachées au post initial.

Il faut toutefois le dire : c’est sans doute ce qui fonctionne le mieux sur X, version Musk. Les notes sont généralement de qualité. Elles apportent des éléments éclairants tout en se basant sur des sources fiables. C’est tout le paradoxe : Mark Zuckerberg et Elon Musk attaquent les legacy media, mais ces derniers restent les sources sur lesquelles les utilisateurs se reposent en dernier recours.

Trump / Zuckerberg : un mariage de raison

Une plus grande liberté d’expression, des attaques contre les legacy media et l’introduction des community notes. C’est une copie conforme du discours d’Elon Musk, au moment de son rachat de la plateforme X. Le milliardaire a réagi par un simple “good” à la suite de la vidéo de Mark Zuckerberg. Il faut dire que la relation entre ces deux patrons de la tech était extrêmement tendue. Et cela a bien failli se régler dans un hexagone de MMA (Mixed Martial Arts), à une certaine époque.

Évidemment, on ne peut s’empêcher d’y voir un lien avec l’élection de Donald Trump. C’est même tout à fait assumé par Mark Zuckerberg, qui espère se faire une place au soleil dans l’Amérique post-2025. “Les récentes élections semblent être un point de bascule culturel donnant, de nouveau, la priorité à la liberté d’expression”, a-t-il notamment déclaré dans sa vidéo.

Il a également nommé le républicain Joel Kaplan comme responsable des affaires publiques de Meta. Et si ça ne suffisait pas à montrer patte blanche, il vient d’installer Dana White au sein de son conseil d’administration. Il s’agit du grand patron de l’UFC (la plus grande ligue de MMA) qui a été vu à de nombreuses reprises auprès de Trump, durant la campagne. Lui aussi est un adepte de la liberté d’expression la plus totale.

Dernier élément qui ne trompe pas : Meta va transférer ses équipes “confiance et sécurité” de Californie vers le Texas. Pour échapper à l’influence progressiste de l’État le plus riche des États-Unis. Là encore, c’est tout à fait assumé par Zuckerberg. “Cela nous aidera à renforcer la confiance nécessaire pour faire le travail en ayant moins d’inquiétude quant aux partis pris présents parmi nos équipes”, insiste encore Mark Zuckerberg.

La Silicon Valley dans la poche

Dans les faits, c’est une capitulation totale de Mark Zuckerberg face à la pression exercée par Donald Trump et Elon Musk. Durant la campagne, le futur président américain s’était montré tout à fait explicite à son égard : “Nous avons Mark Zuckerberg à l’œil. S’il fait quelque chose d’illégal, il passera le reste de sa vie en prison – comme tous ceux qui interféreront avec la présidentielle de 2024”.

Entretemps, les deux hommes s’étaient rapprochés. Notamment lors d’une visite à Mar-a-Lago, la résidence du président élu, à Palm Beach, en Floride. A cette occasion, Zuckerberg avait offert ses fameuses lunettes intelligentes au républicain.

C’est une capitulation totale de Mark Zuckerberg face à la pression exercée par Donald Trump et Elon Musk.

Le patron de Tesla, lui, est en tout cas ravi de son choix de supporter Donald Trump. En effet, sa fortune ayant quasiment doublé pour atteindre 420 milliards de dollars. L’inverse est sans doute aussi vrai : personne ne saura jamais si Donald Trump aurait été élu sans l’appui d’Elon Musk.

Le deuxième homme le plus riche du monde, Jeff Bezos, a entamé sa mue depuis un certain temps. Comme les autres, il a eu droit à son passage obligé à Mar-a-Lago. C’était peu avant Noël. Et comme Mark Zuckerberg et Elon Musk, le patron d’Amazon a signé un chèque pour financer la cérémonie d’investiture de Donald Trump, le 20 janvier prochain.

Rappelons que, durant la campagne, Jeff Bezos avait fait interdire un édito du Washington Post – journal qu’il détient – qui soutenait la candidature de Kamala Harris. Le quotidien rompait ainsi avec une tradition discutable des médias américains, qui peuvent se positionner pour l’un ou l’autre candidat juste avant les élections présidentielles.

L’UE dans le viseur

Cette alliance de circonstance entre le candidat républicain et la Silicon Valley – dans laquelle on retrouve aussi le patron d’Apple, Tim Cook, ou encore celui d’Open AI, Sam Altman – n’est sans doute pas une très bonne nouvelle pour la régulation “made in Europe”.
Les géants de la tech sont fatigués des amendes monstres de l’Union européenne à leur égard. Dans sa diatribe, Mark Zuckerberg a clairement insinué que cette régulation allait trop loin.

Quant à Elon Musk, on sait tout le mal qu’il pense des institutions européennes. Ses prises de position et ses interférences politiques de ce côté de l’Atlantique sont désormais quotidiennes. 

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