Quitter la Russie, un enjeu financier de plus en plus lourd pour les entreprises européennes

Poutine taxe exit taxe de sortie
Vladimir Poutine © Getty

Les autorités russes deviennent de plus en plus exigeantes envers les entreprises occidentales, “non amicales” qui souhaitent vendre leurs actifs pour quitter le pays. Elles les contraignent notamment à réduire fortement leurs prix. Un discount de plus en plus excessif…

Depuis le 24 février 2022 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, de nombreuses entreprises occidentales veulent quitter la Russie. Pour des entreprises comme McDonald’s, cela s’est fait rapidement. Pour d’autres, cela prend plus de temps…

Et plus cela dure, plus la note devient salée. C’est ce que confirment trois proches du dossier à Reuters. En résumé, Moscou ne donne son feu vert qu’à une condition: réduire de moitié le prix estimé des actifs lors de la revente à une entité locale. À savoir que pour les banques et l’énergie, c’est Poutine lui-même qui doit signer l’autorisation. Comble de l’ironie, l’estimation est faite par des consultants russes, désignés par l’État. Bref, ces ventes se font généralement à perte. D’autant que les entreprises qui plient bagage doivent en plus payer une taxe de 10%.

Ces derniers mois, les demandes de “divorce” sont en train d’augmenter et les entreprises européennes concernées vont dès lors devoir réduire davantage le prix indiqué sur l’étiquette, confient ces sources.

Pointées du doigt, les autorités russes se défendent et insistent sur le fait que ce ne sont pas elles qui forcent les entreprises à réduire leurs prix, mais qu’il peut effectivement leur arriver de devoir réajuster l’estimation. C’est surtout le cas lorsque les actifs valent plus de 100 millions de dollars, ajoute une autre source.

Un euro symbolique, voire moins

Cela compte pour les entreprises qui sont encore en train de négocier leur sortie, et où les négociations aboutissent à quelque chose. D’autres entreprises se voient finalement forcées de vendre leurs actifs pour un euro symbolique. C’est notamment le cas du brasseur Heineken, qui annonce ce vendredi avoir cédé ses opérations au groupe russe Arnest. Il y a quelques mois, le pétrolier norvégien Equinor avait aussi cédé ses activités en Russie à Rosneft.

Autre possibilité: ces actifs peuvent également être nationalisés. En juillet, les actifs de Carlsberg et Danone ont par exemple déjà été saisis.

100 milliards d’euros de pertes

En un an et demi, cet exode a été synonyme d’une perte de 100 milliards d’euros. En d’autres mots, c’est ce que 176 entreprises européennes ont perdu en vendant, en arrêtant ou en réduisant leurs activités en Russie. Un chiffre énorme qui ne représente pourtant qu’une fraction des entreprises concernées par ce divorce. Toutes ne communiquent en effet pas leurs données. D’autres ont peut-être pu partir avec un bénéfice ou un résultat net-zéro.

Mais au vu de l’intensité de la demande – de nombreuses entreprises tentent encore de quitter le pays -, cette facture pourrait bien s’alourdir dans les mois ou années à venir.

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