Le risque d’une attente interminable
Si les sondages voient juste, il est possible que l’on ne connaisse pas les résultats de l’élection présidentielle américaine avant plusieurs jours. Mais il existe aussi un risque d’une attente interminable faite de recours, de recomptages et de contestations.
Ces derniers jours, les sondages ont quelque peu bougé en faveur de Kamala Harris. Comme en atteste le modèle créé par AtlasIntel pour The Economist qui s’exprime en chances de réussite. Ainsi, sur 100 simulations, la démocrate remporterait l’élection présidentielle à 56 reprises, c’est 6 chances de plus qu’il y a 7 jours. Donald Trump n’est lui crédité que de 43 chances de réussite sur 100. Le score médian de Kamala Harris la conduirait à remporter 276 grands électeurs sur les 270 requis, contre 262 pour Donald Trump.
Mais une approche plus ciblée dans le New York Times sur les swing states montre beaucoup plus d’incertitudes. Ainsi, en Pennsylvanie, qui est considérée comme l’État clé des États clés, les deux candidats sont donnés à égalité. Et Trump mènerait d’à peine 1% en Caroline du Nord, dans le Nevada et en Géorgie. Kamala Harris en ferait autant dans le Michigan et le Wisconsin. Le républicain bénéficierait par contre d’une plus grande avance de 3% dans l’Arizona.
Le risque d’une longue attente
Bref, si les sondages ne se trompent pas, comme en 2016, l’attente risque d’être longue, comme en 2020. À l’époque, Joe Biden a dû attendre 3 jours et demi avant de lever les bras au ciel. Il remportait finalement la Pennsylvanie au bout du suspens, le samedi. La faute à un comptage décentralisé où chaque État fonctionne avec ses propres règles.
Le site de pronostic électoral FiveThirthyEight a estimé pour chaque État le timing précis des résultats définitifs. L’écart est important : de plusieurs heures à plusieurs jours. En Caroline du Nord, par exemple, ça va généralement assez vite. En effet, les bulletins par correspondance peuvent être dépouillés dès leur réception, bien avant ce mardi 5 novembre. Or un tiers de tous les électeurs américains se sont en fait déjà prononcés, via un vote par mail pour voie postale (80 sur 244 millions d’électeurs). La Pennsylvanie prend habituellement plus de temps, tout comme le Wisconsin. Quant au Nevada, où des bulletins de vote peuvent encore être déposés 5 jours après l’Election Day, ou encore à l’Arizona, les résultats définitifs peuvent prendre plusieurs jours avant d’être validés.
Il en va de même pour les recomptages. Certains États font des recomptages systématiques, d’autres font des recomptages en cas de résultats serrés. C’est toute la fragilité du système électoral américain qui a été mis à l’épreuve de nombreuses fois par le passé et qui semble, à l’ère d’un Donald Trump, montrer ses limites.
Le risque d’une attente interminable
Car il y a également un autre risque. Celui d’une attente interminable. Le bruit court selon lequel Donald Trump pourrait annoncer sa victoire très tôt. Le républicain veut éviter de revivre le scénario de 2020, où il était plutôt sur une tendance favorable avant de se réveiller le lendemain matin avec la gueule de bois : les votes dans les urnes qui lui étaient favorables commençaient à se faire dépasser par les votes par correspondance, favorables aux démocrates. Finalement, Donald Trump n’a jamais reconnu la victoire de Joe Biden.
Cette fois, le républicain veut construire son narratif et préparer la contestation quelle que soit l’issue. Il se dit d’ailleurs que des équipes de juristes se tiennent prêtes à contester tous les résultats qui seraient défavorables au républicain. On partirait ici dans une bataille juridique qui pourrait durer plusieurs semaines. Et Donald Trump sait comment mettre la pression puisqu’il a exigé de connaître le gagnant de l’élection “dès cette nuit”.
Une fois les résultats définitifs connus, il restera aux Grands électeurs à se réunir pour formellement acter le nom du gagnant, à la date du 17 décembre. Les votes seront ensuite envoyés au Congrès pour le 25 décembre qui certifiera le prochain président des États-Unis et son vice-président à la date du 6 janvier. En 2021, c’est à cette date que les sympathisants trumpistes avaient envahi le Capitole. On voit donc que le chemin pourrait être encore long et que chaque étape pourra faire l’objet d’un embrasement politique, voire, comme c’est parfois craint, d’un déclenchement de guerre civile.
Election présidentielle américaine
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