L’Allemagne dépasse le Japon et devient la troisième économie mondiale

L’Allemagne va , selon les prévisions du Fonds monétaire international, dépasser le Japon et devenir cette année la troisième économie mondiale derrière les États-Unis et la Chine. L’économie allemande n’était-elle pas en plein marasme ? Geert Janssens, économiste en chef d’Etion, nous explique comment c’est possible.

La première économie mondiale est et reste sans conteste celle des États-Unis avec environ 23 000 milliards de dollars. Sur la deuxième place, on retrouve la Chine avec 18 milliards de dollars. Mais un changement historique pourrait bien avoir lieu à la troisième place.

Après avoir déjà dû céder en 2010 sa deuxième place à la Chine, le Japon risque d’être éjecté cette année du podium des économies mondiales par l’Allemagne. Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit en effet que le produit intérieur brut (PIB) nominal de l’Allemagne s’élèvera cette année à 4 430 milliards de dollars (4 160 milliards d’euros) et celui du Japon à 4 230 milliards de dollars (3 970 milliards d’euros), révèle ce mardi l’agence de presse Bloomberg.

La nouvelle a, à première vue, de quoi surprendre puisque depuis un certain temps les économistes sont pessimistes au sujet de la première économie européenne. Cette année, l’économie allemande devrait même se contracter de 0,6 %.

Aidé par les faiblesses de l’autre

Selon Geert Janssens, économiste en chef d’Etion, nos voisins de l’Est n’ont donc guère de raisons de se réjouir. “Le fait que l’Allemagne dépasse aujourd’hui le Japon est lié d’une part à la faiblesse du yen japonais, mais aussi, et même surtout, à la faiblesse structurelle de l’économie japonaise. Elle croît moins fortement depuis 1990, ce qui a permis à l’économie allemande de se rapprocher progressivement. Depuis 2015, l’économie japonaise se contracte, du moins si on la mesure en dollars. Mesurée en yens, il y avait encore une légère croissance.”

“L’économie japonaise s’est également moins bien remise de la pandémie. Elle a connu une contraction plus importante et un démarrage plus lent que l’économie allemande.” Janssens pointe également le problème bien connu du vieillissement de la population au Japon. “Si votre population vieillit et stagne en nombre, votre économie cesse elle aussi de croître. Ce problème est moins aigu en Europe.

La conclusion est donc que l’économie allemande ne se porte forcément bien, elle n’est juste pas aussi mal en point que l’économie japonaise. C’est un peu comme l’histoire du boiteux et de l’aveugle, selon l’économiste. Ou quand la faiblesse de l’un aide l’autre.

Coincé

Dans une analyse publiée sur Trends.be, M. Janssens avait déjà écrit que l’Allemagne s’était enlisée dans des règles bureaucratiques. “L’appareil est devenu dysfonctionnel, se plaignent les chefs d’entreprise allemands.” “Economiser est une chose, mais il faut aussi investir et cela se fait trop peu. Regardez, par exemple, l’ouverture du nouvel aéroport de Berlin. Il a été inauguré avec 10 ans de retard. L’Allemagne de l’Est, en particulier, est un problème et ne se développe pas suffisamment. Beaucoup d’investissements sont encore nécessaires dans les infrastructures numériques et matérielles, mais ils sont rares”.

“En résumé, ce n’est pas parce que l’on est dans le top trois, que l’on se porte bien. C’est une belle statistique, mais elle ne nourrit pas son homme”, conclut Geert Janssens. Les économistes s’attendent néanmoins à ce que l’Allemagne renoue avec la croissance l’année prochaine.

L’Allemagne veut renforcer son économie

Le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, a quant à lui exposé une stratégie visant à consolider la plus grande économie d’Europe et sa position d’acteur fort de l’industrie.

L’objectif principal de cette stratégie est de préserver l’industrie dans toute sa diversité, selon le document. À cette fin, M. Habeck préconise – une fois n’est pas coutume- le développement des énergies renouvelables, une électricité moins chère, une réduction de la bureaucratie et l’attraction de travailleurs qualifiés étrangers. Il propose également des allègements fiscaux et des financements supplémentaires pour les investissements, ainsi que des mesures visant à encourager les travailleurs à rester plus longtemps sur le marché du travail.

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