La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis menace de s’étendre au monde…
En 2025, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine risque d’emporter les autres pays dans la tourmente, même ceux qui avaient réussi à se tenir à l’écart.
Depuis 2018, une guerre commerciale entre Washington et Pékin fait rage à coup de tarifs douaniers à la carte. Elle devrait s’intensifier en 2025 avec le retour au pouvoir de Trump. Ce dernier a proposé des droits de douane de 10 % ou 20 % sur les importations provenant des autres pays du monde, celles de Chine seraient soumises à des droits de 60%. Les droits de douane américains moyens actuels s’élèvent à environ 12 % et quintupler les droits de douane sur les produits chinois rendrait un tas de produits trop chers pour les acheteurs américains. En 2023, les exportations chinoises vers les USA s’élevaient à environ 500 milliards de dollars, un montant qui pourrait chuter de 85 % si les droits de douane envisagés étaient appliqués.
Le reste du monde risque d’être destabilisé par la guerre des deux superpuissances. Si la Chine autorisait – ou organisait – une baisse du yuan pour atténuer l’impact des nouveaux droits de douane sur les fabricants, le coût des produits chinois dans le reste du monde baissera. Les pays qui souhaitaient rester à l’écart du conflit n’auront d’autre choix que de réagir en 2025 en proposant leurs propres restrictions commerciales.
Fin septembre, les marchés boursiers chinois ont retrouvé le sourire en espérant une politique économique plus stimulante de Pékin. Mais jusqu’à présent, aucune mesure susceptible de relancer les dépenses de consommation n’a été annoncée et les exportations ont été une source plus fiable de la croissance économique récente. Les investissements dans l’industrie manufacturière ont bondi de 9,2% lors des neuf premiers mois de 2024. Mais il apparaît que ces investissements produisent des biens industriels destinés à d’autres destinations à l’étranger.
Les véhicules électriques sources de tension
La tension autour des véhicules électriques devrait encore s’intensifier. En 2018, la Chine exportait environ un million de voitures pour cinq millions en 2024, devenant le plus grand exportateur de voitures au monde, en grande partie grâce à son expertise à produire des modèles électriques à bas prix.
Le ministère américain du commerce souhaiterait interdire l’utilisation de logiciels chinois dans les voitures, ce qui bannirait les modèles chinois des routes américaines.
De solides murs commencent à se dresser contre les importations de voitures chinoises. Une proposition du ministère américain du commerce visant à interdire l’utilisation de logiciels chinois dans les voitures aurait pour effet de bannir les modèles chinois des routes américaines. En août, le Canada a imposé des droits de douane de 100 % sur les véhicules électriques chinois. En Europe, la Commission européenne proposait des droits de douane allant jusqu’à 45 %. Si la France, l’Italie et la Pologne y étaient favorables, la Hongrie et l’Allemagne, pressée par son industrie automobile pour laquelle la Chine est le principal marché étranger, s’y sont opposées.
D’autres pays à travers le monde doivent aussi choisir entre les produits bon marché et investissements venus de Chine et la défense de leurs producteurs locaux. Le Brésil, le Chili et le Mexique ont augmenté les droits de douane sur les importations d’acier chinois en avril. En juillet, le ministre indonésien du commerce a menacé d’imposer des droits de douane allant jusqu’à 200 % pour des produits tels la céramique, le textile et les chaussures. La Malaisie revoit ses droits antidumping sur l’acier chinois.
Par Mike Bird, rédacteur en chef des affaires et de la finance pour l’Asie de “The Economist”
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