La Fed va durcir le ton face à la hausse de l’inflation
Face au rebond de l’inflation, plus question d’entamer bientôt la baisse des taux: la banque centrale américaine (Fed) devrait les maintenir mercredi à leur niveau actuel, et avertir de nouveau qu’ils pourraient rester élevés plus longtemps que prévu.
L’inflation semblait sur la bonne trajectoire pour rejoindre progressivement son objectif de 2%. Mais depuis janvier, elle est repartie à la hausse. “Le message” du président de la Fed, Jerome Powell, “restera fidèle à la ligne directrice: de meilleures données sur l’inflation sont nécessaires” avant de commencer à baisser les taux, résume Ian Shepherdson, chef économiste pour Pantheon Macroeconomics. La réunion du comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed, qui a débuté mardi matin, s’achèvera mercredi à la mi-journée. Le comité annoncera ses décisions et intentions dans un communiqué publié à 14H00 (18H00 GMT), et Jerome Powell tiendra une conférence de presse trente minutes plus tard. “La Fed maintiendra probablement ses taux inchangés entre 5,25 et 5,50%, (…) et le texte du communiqué sera peu modifiée”, souligne Gregory Daco, chef économiste pour EY. Les taux se trouvent depuis juillet à ce niveau, au plus haut depuis plus de 20 ans.
Cela a pour effet de maintenir à un niveau élevé les taux d’intérêts des prêts immobiliers, cartes de crédit, prêts pour acheter une voiture,… Afin d’empêcher les prix de continuer à flamber.
“Moins confiante”
Pour enfoncer le clou, l’indice du coût de l’emploi s’est lui montré au premier trimestre bien plus élevé qu’attendu, “suggérant que la décélération des salaires s’est arrêtée, au moins temporairement”, relève Krishna Guha, économiste pour Evercore, société de conseil en investissements. “Cela rendra la Fed moins confiante dans les perspectives d’inflation”, ajoute-t-il. Pas de baisse des taux prochaine, donc. Faut-il pour autant craindre une nouvelle hausse? Jerome Powell “n’exclura pas (cette) possibilité”, selon Krishna Guha, qui table plutôt, si besoin d’une politique restrictive, sur un maintien du niveau actuel des taux pendant “plus longtemps”.
Les marchés étaient, il y a peu, pleins d’espoir de les voir commencer à baisser en juin. Ils misent désormais plutôt sur septembre, ou même novembre, selon l’estimation de CME Group. “La Fed aura besoin de plusieurs mois de bonnes nouvelles en matière de croissance des salaires et d’inflation”, note Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics, qui n’attend pas “avant septembre” la première baisse des taux. Et le calendrier de l’élection présidentielle, qui verra s’affronter le président démocrate Joe Biden, et son prédécesseur républicain Donald Trump, viendra se superposer à celui de la Fed, dont la réunion de novembre se tiendra au lendemain du scrutin. La Fed est, néanmoins, indépendante du pouvoir politique.
Le bilan en vedette
Contrairement à la situation en Europe, où le net ralentissement de l’inflation conduit la BCE à envisager une baisse des taux dès juin, l’inflation est repartie à la hausse aux Etats-Unis. Elle s’est élevée en mars à 2,7% sur un an, selon l’indice PCE privilégié par la Fed – celui qu’elle souhaite ramener à 2% -, et à 3,5% selon l’indice CPI. En l’absence d’évolution des taux, et de mise à jour des prévisions économiques, le bilan de la Fed pourrait se retrouver la vedette mercredi. Jerome Powell avait indiqué fin mars que la Fed allait “très bientôt” commencer à réduire moins vite le volume de ses actifs.
Un début d’assouplissement, puisque ces cessions de titres qui ont réduit le portefeuille de la Fed de 1.500 milliards de dollars ont été un autre outil de resserrement de la politique monétaire. Nancy Vanden Houten s’attend à ce que la Fed annonce mercredi “qu’elle commencera” le mouvement “plus tard ce trimestre”. “À partir de juin, nous anticipons que la Fed réduira de moitié le volume des bons du Trésor qu’elle retire chaque mois de son bilan, pour le ramener à 30 milliards de dollars”, détaille-t-elle.