La Chine injecte 40 milliards d’euros dans l’industrie des semi-conducteurs : un coup d’épée dans l’eau ?
La Chine réalise un importante investissement de 344 milliards de yuans, soit environ 40 milliards d’euros, dans un fonds pour les semi-conducteurs. Cet investissement vise à rendre l’industrie technologique chinoise indépendante des puces américaines obsolètes qu’elle importe actuellement. L’action de SMIC, le plus grand fabricant de puces en Chine, a augmenté de plus de 7 % à la bourse de Hong Kong.
D’après les données de la plateforme Tianyancha, le ministère chinois des Finances, des banques publiques et plusieurs entreprises ont injecté un total de 344 milliards de yuans (43,8 milliards d’euros) dans un fonds national pour l’industrie des semi-conducteurs, appelé National Integrated Circuit Industry Investment Fund. Il s’agit de la troisième levée de fonds pour ce véhicule d’investissement, dont le ministère des Finances est le principal actionnaire.
À l’échelle mondiale, les États-Unis et l’Europe augmentent également leurs investissements dans les semi-conducteurs. Avec les avancées en intelligence artificielle (IA) générative, cette industrie devrait valoir des centaines de milliards dans quelques années, atteignant 368 milliards d’euros selon une projection de la banque d’investissement japonaise Mizuho. En Belgique, imec est le centre névralgique du développement des puces et a récemment levé 2,5 milliards d’euros de nouveaux capitaux.
Des investissements cruciaux
Pour la Chine, ces investissements sont particulièrement cruciaux, car Washington a placé plusieurs entreprises chinoises sur une liste noire pour les couper de la technologie et de l’approvisionnement en puces américaines. Depuis lors, elles ne peuvent commander que des variantes obsolètes ou moins puissantes des puces AI auprès de fabricants tels que Nvidia, Intel et AMD, qui ont toujours traité le marché chinois de manière secondaire. Seule Intel prévoit de sortir une version adaptée à la Chine de ses puces Gaudi 3 pour les centres de données.
Il est de notoriété publique que la Chine travaille intensivement à créer son propre réseau d’entreprises de semi-conducteurs. L’année dernière, une enquête sur le smartphone Huawei Mate 60 Pro a révélé que le pays disposait de technologies plus avancées que prévu. La puce était fabriquée par Semiconductor Manufacturing International Corporation (SMIC) selon un processus de 7 nanomètres, alors qu’on pensait auparavant que SMIC maîtrisait seulement le processus de 14 nanomètres. La nouvelle puce B100-AI de Nvidia est fabriquée selon un processus de 3 nanomètr
Après que la nouvelle de l’investissement de 40 milliards d’euros dans des entreprises chinoises de fabrication de puces a été rendue publique, les actions de SMIC ont été cotées en hausse de plus de 7 %.
Le rôle vital d’ASML
Reste à savoir si cette injection de capital fera réellement une différence pour le secteur des semi-conducteurs en Chine. Selon les données de Bloomberg, la Chine a investi un total de 131 milliards d’euros dans ses entreprises de semi-conducteurs au fil des ans, bien plus que les 75 milliards d’euros dépensés par l’Europe et les États-Unis ensemble. La question est de savoir si les restrictions croissantes imposées par les États-Unis auront un impact plus important que les milliards investis par Pékin.
Récemment, sous la pression des États-Unis, le gouvernement néerlandais a imposé des restrictions strictes à l’exportation vers la Chine pour l’entreprise ASML. Les machines d’ASML sont essentielles pour produire divers types de semi-conducteurs modernes et sont largement utilisées par Taiwan Semiconductor Manufacturing Company, le plus grand fabricant de puces au monde. SMIC utilise également les équipements d’ASML pour produire ses puces de 7 nanomètres. Si SMIC devait se passer des dernières machines de lithographie, il est incertain qu’elle puisse continuer à rattraper les entreprises occidentales avec succès.
La semaine dernière, le gouvernement sud-coréen a également annoncé un investissement équivalent à 18 milliards d’euros dans son industrie des semi-conducteurs. Le géant technologique sud-coréen Samsung est le deuxième plus grand fabricant de puces au monde.
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