Giorgia Meloni peut-elle réellement mettre son grain de sable dans la désignation des 3 “top jobs” européens ?

Nous sommes – comme le décrit Scurati – les héritiers non du Mussolini fasciste, mais du Mussolini populiste et souverainiste. ©  Belga Image

Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne ont entamé jeudi en début d’après-midi à Bruxelles leur premier sommet formel depuis les élections du 9 juin. Ils tentent de s’accorder sur les noms qui occuperont les plus hautes fonctions de l’UE (“top jobs”) et sur les priorités que ces derniers devront mettre en œuvre ces cinq prochaines années.

Le sommet a commencé par la réception d’un “invité spécial”: le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé à Bruxelles pour signer des garanties de sécurité entre l’UE et son pays, remercier les dirigeants de vive voix pour l’ouverture des négociations d’adhésion de son pays à l’UE, et exposer l’état de la situation sur le front de la guerre russe.

“Je rencontrerai les dirigeants de l’UE et de ses États membres et mènerai des entretiens bilatéraux. Nous signerons trois accords de sécurité, dont un avec l’UE dans son ensemble. Pour la première fois, cet accord consacrera l’engagement des 27 États membres à apporter un soutien considérable à l’Ukraine, indépendamment de tout changement institutionnel interne”, a expliqué le chef d’État ukrainien sur le réseau X.

L’Ukraine a déjà signé 17 accords de sécurité bilatéraux similaires, notamment avec les États-Unis, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Japon. La Belgique aussi a signé un tel accord avec Kiev, lors de la venue de M. Zelensky à Bruxelles fin mai dernier. Outre la fourniture de F-16, cet accord prévoit des véhicules blindés modernes, des équipements pour répondre aux besoins de l’armée de l’air et de la défense aérienne, la sécurité maritime, le déminage et la formation militaire.

Le casting des “top jobs”

Quant au casting des “top jobs”, il semble clair au premier abord: la conservatrice allemande Ursula von der Leyen (PPE) rempilerait pour un second mandat à la tête de la Commission européenne, le socialiste portugais Antonio Costa (S&D) succéderait au libéral belge Charles Michel à la présidence du Conseil européen et la libérale estonienne Kaja Kallas (Renew) prendrait la place du socialiste espagnol Josep Borrell à la tête de la diplomatie européenne. 

Tel est le pré-accord auquel sont parvenus mardi six chefs d’État et de gouvernement – dont le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron – représentant les partis de la “grande coalition” (PPE, S&D et Renew) appelée à soutenir une Commission Von der Leyen II.

Le grain de sable Meloni

Tenue à l’écart de cette négociation, mais désireuse de faire monter les enchères pour peut-être décrocher pour son pays une vice-présidence exécutive de la Commission, la Première ministre italienne Giorgia Meloni a d’ores et déjà dénoncé “l’oligarchie” de ces dirigeants. Elle compte faire valoir la montée de la droite aux dernières élections. Mais selon le Financial Times, sa volonté de décrocher un super commissariat européen en charge du commerce, de la concurrence et de la politique industrielle se heurte à celle d’Emmanuel Macron d’obtenir ce même poste pour un Français.

Le fait de la dirigeante post-fasciste n’est pas indispensable, la décision devant être prise à la majorité qualifiée. Mais le PPE a à cœur de ne pas s’aliéner les eurodéputés de Giorgia Meloni au sein du groupe parlementaire ECR (droite eurosceptique, extrême droite), car Ursula von der Leyen devra aussi aller chercher une majorité au Parlement européen. 

En matinée, le chef de groupe PPE au Parlement européen, Manfred Weber, a jugé “crucial” d’inclure l’Italie dans les nominations. Et à son arrivée au bâtiment Europa, le Premier ministre polonais Donald Tusk, négociateur “top jobs” pour le PPE, a confirmé qu’aucune décision ne serait prise sans Mme Meloni. “Nous n’avons mené ces négociations dans le cadre de notre plateforme que pour faciliter le processus, mais il ne peut y avoir d’Europe sans l’Italie”, a-t-il dit.

“Le Conseil essayera d’avoir l’accord le plus inclusif possible. Mais quand une majorité existe sur une proposition, on ne peut pas empêcher des dirigeants de faire passer cet accord”, commentait une source diplomatique. Les libéraux Mark Rutte (Pays-Bas) et Alexander De Croo (Belgique) ont fait part de leur conviction que les trois noms cités seront ceux retenus. “Ce sont trois noms de grande qualité, qui répondent aussi à des équilibres géographiques et autres. Ils sont avancés par les trois groupes politiques qui sont prêts à assurer la stabilité des institutions pour pouvoir se mettre rapidement en action”, a souligné le Belge.

Industrie, défense et migration

Les Vingt-sept doivent aussi s’entendre sur les grandes orientations politiques que les prochains dirigeants de l’UE seront appelés à mettre en œuvre. Compétitivité et industrie, défense et sécurité, gestion migratoire, défense des valeurs ou encore neutralité climatique en 2050 en sont les accents forts. Le texte est “quasi ficelé”, bien que certains aient encore des amendements. “On essaiera sans doute aussi d’ajouter quelques touches environnementales pour séduire les Verts”, selon une source diplomatique. 

La guerre entre Israël et le Hamas, le financement de l’industrie de la défense, la compétitivité seront également à l’agenda du sommet. La réunion est prévue jusqu’à vendredi, mais elle pourrait s’achever avant. Les dirigeants sont désireux d’aboutir rapidement à une décision, face à “l’incertitude” des échéances électorales en France notamment, selon un diplomate.

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