Etats-Unis: des villes petites mais fort prisées

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Aux Etats-Unis, les villes dont vous n’avez jamais entendu parler sont aussi celles qui se développent le plus rapidement.

Maintenir l’étrangeté d’Austin s’est avéré plus difficile que les habitants ne l’avaient prévu. Inondée de réfugiés de la Silicon Valley et de transfuges de Manhattan, la ville texane autrefois connue pour sa sous-culture cool est devenue une métropole technologique. Apple, Amazon, Google, Meta et Tesla s’y sont installés, offrant des emplois qui ont fait de la ville un pôle d’attraction. Entre 2010 et 2020, la population de la métropole d’Austin a augmenté plus que celle de toute autre grande ville, soit d’un tiers, pour atteindre 2,3 millions d’habitants.

Depuis, la ville a explosé. L’offre de logements n’a pas suivi. En septembre, la chambre des agents immobiliers d’Austin a déclaré qu’il manquait à la ville 152.000 logements abordables pour deux personnes. Les habitants de la ville sont mis à l’écart, les sans-abri envahissent les rues du centre-ville et la circulation est infernale.

Les municipalités de la Sun Belt, de Charlotte en Caroline du Nord à Dallas au Texas, ont connu un afflux de nouveaux arrivants au cours de la dernière décennie. Surnommée la “nouvelle grande migration”, elle a été menée par des milliers de Noirs diplômés de l’enseignement supérieur qui se sont déplacés vers le sud, alimentant la rénovation urbaine en Géorgie, en Caroline du Nord et au Texas, alors même que les villes du Nord-Est, du Midwest et de l’Ouest se réduisent. Et ce sont les petites villes du sud qui connaissent la croissance la plus rapide.

L’âge d’or des hameaux sudistes se profile à l’horizon.

Merci la pandémie

Cela s’explique en partie par le désir de vivre dans une petite ville et la possibilité de travailler à distance, favorisées par la pandémie. En 2020, davantage de personnes se sont installées dans des localités de moins de 30.000 habitants que dans des localités de plus de 80.000 habitants. Même après la levée des masques, la tendance s’est poursuivie. Les recensements effectués jusqu’en juillet 2022 montrent que les petites zones métropolitaines du Sud comptaient 0,9 déménagement pour 100 habitants, alors que les villes du Sud n’en comptaient que 0,6.

Daphne en Alabama, ville de pêcheurs dans la baie de Mobile, s’en sort mieux que Birmingham, la plus grande ville de l’Etat, dont la population n’a pas bougé. Spartanburg, en Caroline du Sud, a connu un taux d’immigration deux fois supérieur à celui de Charleston.

Cette tendance se poursuivra en 2024. En 2020, le conseil municipal d’un groupe de 31 villes moyennes situées dans les monts Ozarks, au nord-ouest de l’Arkansas, offrait 10.000 dollars et une bicyclette aux personnes qui déménageaient. Aujourd’hui, ces incitants ne sont plus nécessaires. Au rythme actuel des migrations, la région devrait doubler de taille et atteindre 1 million d’habitants d’ici à 2045. Et les villes créent une atmosphère plus cosmopolite, érigeant des hôtels, de nouvelles lignes de transports publics. En septembre, le conseil municipal annonçait 11.000 nouveaux emplois. L’âge d’or des hameaux sudistes se profile à l’horizon.

Rebecca Jackson, correspondante à Austin de “The Economist”
Traduit de « The World in 2024 », supplément de The Economist

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