Trois heures d’échange, aucun revirement. La rencontre entre l’émissaire américain Steve Witkoff et Vladimir Poutine n’a offert ni percée diplomatique décisive, ni désescalade militaire. Pourtant, à la veille d’un ultimatum fixé par Donald Trump, l’issue des tractations reste ouverte. Avec en toile de fond, une Inde qui prend les coups à la place de la Russie.
À Moscou, le calme affiché tranche avec la tension diplomatique. Steve Witkoff, émissaire personnel de Donald Trump, a rencontré pour la cinquième fois Vladimir Poutine. Le Kremlin parle d’un échange « très utile et constructif », mais ne livre aucune concession tangible sur l’Ukraine, à ce stade.
Sur le fond, le président russe campe sur ses positions. Selon plusieurs sources proches du pouvoir russe, Poutine est convaincu que la Russie est en train de gagner sur le terrain, et que les sanctions occidentales ne changeront rien à sa stratégie.
L’Inde prise pour cible, la Russie épargnée pour l’instant
En l’absence de réaction immédiate de Moscou, Donald Trump a choisi une cible alternative : New Delhi. En doublant les droits de douane sur les importations indiennes – désormais portés à 50 % – le président américain frappe indirectement le financement de la guerre russe, l’Inde étant le deuxième acheteur mondial de pétrole russe.
L’argument avancé ? « L’Inde alimente directement ou indirectement la machine de guerre russe », a déclaré Trump. Pourtant, jusqu’à récemment, Washington encourageait encore New Delhi à acheter du brut russe pour éviter une envolée des prix. Un revirement brutal qui laisse perplexes les diplomates indiens et les analystes énergétiques.
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Poutine mise sur le temps, Trump sur la pression
La Russie ne montre aucun signe d’inflexion. L’hypothèse d’un moratoire sur les frappes aériennes en profondeur, évoquée par certains interlocuteurs du Kremlin, semble davantage destinée à nourrir la communication qu’à infléchir la guerre.
De son côté, Trump brandit la menace d’un durcissement des sanctions secondaires, qui pourraient viser la Chine, principal importateur de brut russe. Cette stratégie vise à isoler progressivement Moscou sans recourir à une confrontation directe. Et l’ultimatum de demain ne devrait rien changer.
Un sommet à trois en préparation ?
Donald Trump a indiqué qu’il était prêt à rencontre le président russe “dès la semaine prochaine” et qu’une rencontre avec Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky pourrait suivre « très bientôt ». L’objectif : faire pression pour obtenir une cessation des hostilités. Mais là encore, l’enthousiasme semble à sens unique. Le Kremlin se montre prudent, tandis que Kiev redoute un marchandage qui ne prendrait pas en compte ses lignes rouges.
Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio tempère : « Nous avons encore beaucoup de travail devant nous. » Il précise que des consultations sont en cours avec les alliés européens et ukrainiens. Même Donald Trump reste prudent sur la portée d’un accord : “J’ai déjà été déçu par le passé.”
Scénarios probables : statu quo ou escalade ciblée
À court terme, plusieurs issues sont envisageables :
- Trump passe à l’action, en étendant ses sanctions aux importateurs de pétrole russe – y compris la Chine – pour forcer la main à Moscou.
- Poutine campe sur sa stratégie, misant sur un affaiblissement progressif du soutien occidental à l’Ukraine.
- Un accord minimaliste, comme un moratoire sur les frappes, pourrait servir d’habillage diplomatique sans changer la donne militaire.
Bref, a rencontré Witkoff-Poutine n’a pas inversé la dynamique du conflit. Si une ouverture existe encore sur le plan diplomatique, elle reste fragile et largement conditionnée à la capacité de Trump à faire pression sur les partenaires commerciaux de la Russie. L’Inde paie déjà le prix fort, la Chine pourrait suivre.