Elon Musk détaille son programme pour réduire drastiquement les dépenses publiques américaines
Renvoyer des milliers de fonctionnaires et déréguler à la louche. Dans une tribune publiée dans The Wall Street Journal, le milliardaire Elon Musk a dévoilé ses propositions visant à réduire les dépenses publiques des États-Unis.
Cet article d’opinion a également été signé par l’homme d’affaires Vivek Ramaswamy, qui codirigera avec Musk un nouvel organisme baptisé « Service d’efficacité administrative » sous la future administration Trump. Pour rappel, cet organe au rôle consultatif n’est ni un ministère ni une agence gouvernementale. Mais les deux hommes ne manquent pas ambitions pour autant.
Mandat pour piloter le Department of Government Efficiency (DOGE)
La semaine dernière, Musk et Ramaswamy, qui avaient soutenu Donald Trump lors des dernières élections présidentielles, ont été mandatés pour diriger le Department of Government Efficiency (DOGE). Leur objectif : mettre en œuvre des économies à large échelle.
Lors d’un rassemblement en octobre, Musk a affirmé qu’il était possible d’économiser jusqu’à 2 000 milliards de dollars, soit près d’un tiers du budget fédéral américain. Mais, jusqu’à présent, la manière d’y parvenir était entretenue par un certain flou. Peu de détails avaient été divulgués. Leur tribune en apporte davantage à défaut d’être rassurante. “Nous faisons les choses différemment. Nous sommes des entrepreneurs, pas des politiciens”, préviennent-ils, ajoutant: “Nous taillerons dans les coûts”.
Parmi les idées, il y a le licenciement d’un grand nombre de fonctionnaires, la réduction des réglementations fédérales et une diminution conséquente des subventions.
Diminution de la bureaucratie fédérale
Le duo prévoit en effet une réduction massive des effectifs de la fonction publique fédérale. Les fonctionnaires licenciés recevraient une indemnité de départ, bien que les détails restent flous. Musk avait déjà évoqué en octobre une prime équivalente à deux années de salaire pour les agents concernés. Par ailleurs, le DOGE propose d’accompagner leur transition vers le secteur privé.
Une autre mesure envisagée est la fin du télétravail pour les fonctionnaires fédéraux, une décision qui, selon Musk et Ramaswamy, entraînerait une vague de démissions volontaires. Ce qui serait une très bonne nouvelle selon eux. En effet, toujours selon Musk, la “bureaucratie enkystée et qui ne cesse de croître est une menace existentielle” pour l’Amérique.
Réduction massive des réglementations fédérales
Mais le projet phare du DOGE et même sa priorité est de supprimer un grand nombre de réglementations fédérales. Musk et Ramaswamy estiment que bon nombre d’entre elles n’ont pas de base légale, car elles n’ont jamais été approuvées explicitement par le Congrès. Sur la base de décisions récentes de la Cour suprême – qui est, rappelons-le, dominée par une majorité conservatrice depuis le précédent mandat de Trump – ils affirment qu’une partie importante de ces règles pourrait être suspendue avec effet immédiat.
L’entrepreneur invoque, pour fonder son projet en droit, deux récentes décisions de la Cour suprême américaine.
En juin 2022, la Cour avait fortement réduit les pouvoirs de l’Etat fédéral, en estimant que l’Agence pour la protection de l’environnement ne pouvait pas édicter de règles générales pour réguler les émissions des centrales à charbon, car elle n’y était pas autorisée par le Congrès.
En juin 2024, elle avait encore rogné les compétences des agences fédérales, en revenant sur la “doctrine Chevron”, une jurisprudence vieille de 40 ans qui a servi de base juridique à des régulations sur l’eau, les médicaments ou les marchés financiers.
Audits et coupes dans les subventions
Les deux entrepreneurs préconisent également des audits approfondis des contrats fédéraux, suspendant temporairement les paiements jusqu’à leur achèvement. Ils citent le cas du département américain de la Défense, qui a échoué pour la septième fois consécutive à passer son audit annuel, comme exemple de « gaspillage, fraude et abus » à éliminer. En outre, le DOGE souhaite réduire les subventions accordées à des organisations internationales, à certains programmes gouvernementaux et à des organismes « progressistes », comme l’association Planned Parenthood ou la Corporation for Public Broadcasting (l’équivalent américain des médias publics).
L’homme d’affaires avance le chiffre de “500 milliards de dollars” de dépenses qui pourraient être supprimées très rapidement par le président républicain en taillant dans les subventions à l’audiovisuel public ou à des organisations “progressistes” telles que le Planning familial.
Un objectif d’économies ambitieux
Musk et Ramaswamy estiment que ces réformes pourraient générer des économies plusieurs centaines de milliards de dollars à court terme, sans nécessiter de nouvelles lois.
Leur objectif est de finaliser leur mission d’ici le 4 juillet 2026, date du 250e anniversaire des États-Unis. Après cette échéance, le DOGE devrait être dissous. Toujours selon les deux hommes, les réformes structurelles seront-elles qu’elles se suffiront à elle-même et n’auront plus besoin d’un organisme dédié.
Enfin, il est aussi précisé que Musk et Ramaswamy ne percevraient aucun salaire pour leurs fonctions au sein du DOGE.
Mais ce bénévolat pour autant. Le nouveau rôle de Musk, même consultatif, pose la question d’éventuels conflits d’intérêts, puisqu’il pourrait faire des recommandations concernant ses propres secteurs d’activité.
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