Elections de mars: les Cubains votent déjà… avec leurs pieds

Au Texas, une famille cubaine a traversé le Rio Grande, tentant d'entrer aux Etats-Unis. © BELGAIMAGE

En 2023, les difficultés risquent de persister à Cuba, où le Parti communiste maintient son emprise. De plus en plus de nationaux tentent l’aventure américaine.

Les Cubains voteront en mars pour leur Assemblée nationale, le parlement du pays. Mais peu de choses changeront dans cet Etat au parti unique. Les citoyens sont descendus massivement dans les rues en 2021 pour réclamer de meilleures conditions économiques et davantage de liberté politique. Beaucoup se sont vus condamnés à une longue peine de prison. La réponse du gouvernement s’est limitée à donner un peu plus d’espace au secteur privé dans l’économie, tandis que le Parti communiste maintient un contrôle ferme sur la politique du pays.

Les Cubains ne sont sollicités qu’aux premières étapes du processus électoral. La moitié des députés sont nommés par les assemblées municipales dont les électeurs ont été sélectionnés au préalable lors de réunions locales. Le reste des candidats pour l’Assemblée sont proposés par des organisations officielles, comme les syndicats, les associations d’agriculteurs, les associations féminines ou étudiantes.

Au moment d’imprimer les bulletins, il y a un candidat pour chaque siège. Ils ont tous été approuvés par le parti et ont simplement besoin d’une majorité pour obtenir le siège. Ils approuveront ensuite la personne désignée par le parti pour devenir président. Ce sera donc très probablement le président sortant, Miguel Díaz-Canel, en fonction depuis 2019.

Machinations internes

Certains Cubains préfèrent s’abstenir ou rejeter les candidats pour manifester leur désaccord. Ils savent que le changement politique n’émane pas des élections mais des machinations internes au parti (l’Assemblée nationale ne se rassemblant que deux fois par an). Cette campagne s’annonce semblable aux précédentes: seul le Parti communiste est autorisé à participer et toute campagne est illégale.

En 2023, plus que la liberté politique, ce sont les difficultés économiques qui risquent de préoccuper les Cubains.

Mais les choses pourraient changer avec la nouvelle génération. Quand Fidel Castro est mort en 2016, son frère Raúl a pris le relais en tant que Premier secrétaire, le poste le plus haut placé. En 2021, celui-ci a nommé Díaz-Canel à ce poste, en plus de son rôle de président. C’est la première fois depuis la révolution de 1959 qu’une personne extérieure à la famille Castro occupe ce poste, en tout cas sur le papier. Díaz-Canel est un pilier du parti mais il est né après la révolution, une situation qui va devenir de plus en plus courante.

En 2023, plus que la liberté politique, ce sont les difficultés économiques qui risquent de préoccuper les Cubains. En effet, le pays enchaîne les crises: des ouragans, crise du Venezuela, dont le pétrole subventionné renforce le gouvernement cubain, les sanctions américaines mises en place par Donald Trump, suivies de la pandémie, le recul du tourisme… La mauvaise gestion de ces crises de la part du gouvernement n’a fait qu’aggraver les choses.

Les conséquences en sont l’inflation et les pénuries alimentaires. Le parti va sûrement assouplir les restrictions économiques, mais pas suffisamment pour satisfaire les Cubains. Le nombre d’habitants quittant le pays atteint des records. Entre octobre 2021 et août 2022, presque 200.000 Cubains ont été arrêtés alors qu’ils essayaient de rejoindre les Etats-Unis par la frontière mexicaine. Ce mouvement va continuer. Privés de la possibilité de s’exprimer en votant lors des élections, ils continueront de voter en se déplaçant.

Sarah Birke, rédactrice en chef à Mexico de “The Economist”

Source : The Economist. Sous licence exclusive à Trends-Tendances.

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