Du clash avec Merkel à la présidence du parti : qui est Friedrich Merz, le futur chancelier allemand ?

Friedrich Merz - INA FASSBENDER / AFP/Belga Image
Baptiste Lambert

En remportant le scrutin législatif avec la CDU-CSU, fort de 29% des voix, Friedrich Merz se place comme favori au poste de chancelier allemand. Le conservateur aura fort à faire pour redonner son éclat à une économie moribonde. Il lui faudra s’allier avec le SPD, de son prédécesseur, Olaf Scholz, tout en évitant de faire encore grimper l’AfD, qui a doublé son score. Mais qui est celui qui est qualifié d’anti-Merkel ?

Friedrich Merz débute son parcours professionnel comme juge, après avoir obtenu un diplôme de droit en 1985. Quatre années plus tard, il rejoint l’Association de l’industrie chimique allemande (VCI), un puissant lobby industriel. En parallèle, celui qui a aujourd’hui 69 ans s’engage politiquement dans la CDU, le parti chrétien-démocrate allemand.

Très rapidement, Friedrich Merz se transforme en figure montante et représente l’aile droite du parti. Il devient député européen en 1989, avant de rejoindre le Bundestag de 1994 à 2009 où il est réélu trois fois. Petit à petit, Merz et Angela Merkel deviennent rivaux et s’affronteront pour prendre la tête du parti.

Jusqu’au clash en 2002. Merz veut faire prendre à la CDU un virage à droite, notamment basé sur le concept de “Leistkultur“. On peut traduire ce mot par la culture dominante à laquelle les immigrés doivent se conformer. Merkel est dans une stratégie totalement opposée : elle veut faire prendre à la CDU un virage à gauche pour affaiblir le SPD, le parti de pouvoir traditionnel. L’Allemande imposera sa ligne avec succès pour devenir plus tard chancelière.

Angela Merkel et Friedrich Merz en 2002 CDU – Germany Copyright: xKarl-BerndxKarwaszx/Belga Image

De l’exil à la présidence du parti

Merz, qui était chef de groupe au Parlement, est mis à l’écart, jusqu’à son retrait du parti en 2009. L’homme politique se reconvertit avec succès dans le privé où il devient, en 2016, président du conseil de surveillance de BlackRock, en Allemagne.

Suite au pas de côté d’Angela Merkel de la présidence du parti, Merz retente de conquérir la couronne de sa rivale. Il échouera à deux reprises, en 2018, puis en 2021. Ce n’est qu’en 2022 qu’il parviendra à ses fins, pouvant enfin pousser sa ligne politique.

Avec lui, la CDU prend donc un virage plus à droite, libéral sur le plan économique, contre les excès du wokisme sur le plan sociétal, défenseur de la famille traditionnelle et plus dur sur l’immigration.

Du soutien de l’Afd à la chancellerie ?

L’une de ses dernières décisions avant les élections choquera une partie de l’Allemagne, jusqu’au sein de son parti : il fait adopter, en janvier 2025, une motion sur le contrôle des frontières avec le soutien de l’AfD, le parti d’extrême droite allemand.

Et qui est là pour critiquer cette décision en interne et tenter de lui mettre des bâtons dans les roues ? Angela Merkel. L‘ancienne chancelière estime “qu’aucune majorité ne doit être formée avec l’AfD, même dans des conditions difficiles”. Merz contre-attaque et déclare que la décision de Merkel d’ouvrir les frontières à 1 million de réfugiés, en 2015, avec été prise “du jour au lendemain, de manière unilatérale et non réfléchie”.

Dimanche, les électeurs de CDU-CSU ne lui en ont visiblement pas tenu rigueur : le parti de Merz a remporté le scrutin avec 28,6% des voix. A priori, une bipartite est suffisante avec les socio-démocrates du SPD, qui ont pourtant été laminés, à 16% des voix, leur pire score en 80 ans. Ensemble, ils récolteraient toutefois 328 sièges alors que la majorité absolue est fixée à 315 députés.

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Du pain sur la planche

Friedrich Merz s’est en tout cas refusé de s’allier avec l’AfD, dont il devra néanmoins enrayer la progression. Le parti d’extrême droite a doublé son score par rapport au précédent scrutin et est passé de 5% à 21% sur les 10 dernières années.

Sur le plan international, le probable futur chancelier doit bien constater que le monde tel qu’on le connaissait est en train de s’écrouler sous ses pieds. “Je n’aurais jamais cru devoir dire une chose pareille dans une émission de télévision. Mais depuis les déclarations de Donald Trump, il est devenu clair que les Américains, ou en tout cas une partie des Américains, sont largement indifférents au sort de l’Europe“, a-t-il déclaré lors du traditionnel débat post-élection, sur ZDF, tout en ne pouvant garantir le futur de l’OTAN tel qu’on la connait aujourd’hui : “Je ne me fais absolument aucune illusion quant à ce qui se passe aujourd’hui”, a ajouté celui qui est un fervent défenseur de l’Ukraine.

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