Comment l’inflation a mené Donald Trump aux portes du pouvoir

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Illustration © Getty Images
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Dans cette victoire qui s’approche à grands pas pour Donald Trump, le candidat républicain a pu bénéficier d’un allié secret. On a parlé de l’appui de la droite chrétienne dure, du camp des milliardaires libertaires, voire de l’influence russe ces derniers jours, essentiellement dans les swing states, les états indécis.

Mais on a peu parlé de la frustration lente ,et érosive pour le pouvoir démocrate en place ces quatre dernières années, de l’inflation auprès des classes moyennes et modestes américaines.

Un pouvoir d’achat amputé de 18%

Un Américain qui aurait conservé aujourd’hui son salaire de 2020 sans pouvoir l’augmenter aurait perdu 18% de pouvoir d’achat. Mais le ressenti est encore plus fort, car l’inflation s’est surtout portée sur les prix énergétiques et sur l’alimentation, deux postes d’achat incompressibles, surtout dans les états ruraux.

C’est une des explications, dans les sondages, du taux de mécontentement (plus de 40%), voire de colère (23%) des Américains à l’égard de la politique de Joe Biden, et c’est ce qui a entraîné en partie la désaffection d’une partie de l’électorat modeste à l’encontre du parti démocrate. C’est ce qui explique aussi la facilité du camp républicain à convaincre ces électeurs, souvent d’origine hispanique ou afro-américaine, pourtant socialement portés vers les démocrates, à rejoindre le camp républicain. Une anecdote est souvent citée par eux quand ils sont interrogés : c’est la distribution, lors du covid, par Donald Trump d’un chèque de 1200 dollars portant le nom du président américain. Un peu comme s’il était le seul à forcer le Trésor américain en faveur des plus pauvres.

Le rêve américain

Dans ce climat inflationniste latent, le discours anti-immigration porté par Donald Trump a facilement convaincu, à la fois la population blanche des états ruraux qui se sentent économiquement et culturellement déclassés, mais aussi les immigrants arrivés depuis quelques années aux Etats-Unis et ayant acquis le droit de vote, et qui craignent de voir leur vie devenir plus dure encore en raison de l’arrivée de nouveaux migrants. L’inflation a tué le rêve américain dans une partie de la population, et l’arrêt de la migration devrait le réveiller.  C’est en tout cas l’argument porteur de Donald Trump.

Le paradoxe est que la politique que Donald Trump devrait mettre en œuvre, en imposant des tarifs douaniers qui renchériront les produits importés et en stoppant l’immigration dans un marché de l’emploi encore tendu, est une politique inflationniste. Les prix vont continuer de monter. Mais sans doute le nouveau président républicain distribuera encore quelques chèques à son effigie pour le faire oublier.

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